Le vaccin coquelucheux acellulaire apparait sûr chez la femme enceinte

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La coqueluche peut être grave et parfois mortelle chez le nourrisson. En France, la primovaccination des nourrissons comporte depuis 2013 deux injections d'un vaccin combiné contre la coqueluche à l'âge de 2 et 4 mois, suivies d'un rappel à l'âge de 11 mois (schéma « 2+1 » au lieu du schéma « 3+1 » avant 2013). Le nourrisson n'est donc pas protégé avant l'âge de deux mois et parfois insuffisamment protégé durant la période qui suit l'administration de la première dose du vaccin contre la coqueluche. Aussi, la vaccination de la mère pendant sa grossesse a plusieurs avantages : elle induit une immunité qui va protéger la mère elle-même contre l'infection et faire en sorte qu'elle ne puisse pas transmettre la maladie à son nouveau-né, et permettre, durant la grossesse, le transfert d'anticorps qui assureront la protection du nouveau-né pendant les premiers mois de sa vie (Grimprel, Réalités pédiatriques). Pour ces raisons, les Centers for Disease Control and Prevention américains (CDC) recommandent la vaccination des femmes enceintes avec le vaccin coquelucheux acellulaire, mieux toléré que le vaccin à cellules entières qu'il a désormais remplacé. Cependant, en l'absence de connaissances suffisantes sur l'innocuité de ce vaccin pour la mère et son fœtus, l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ne recommande pas actuellement cette utilisation.

Des études menées au Royaume-Uni viennent de démontrer que le vaccin coquelucheux acellulaire peut être administré sans risque aux femmes enceintes durant le 3ème trimestre de grossesse, et qu'il confère une protection à leurs nouveau-nés. Ces études ont été entreprises car le Royaume-Uni, comme d'autres pays industrialisés qui recommandent pourtant la vaccination contre la coqueluche, est confronté à une recrudescence de la maladie, responsable d'un nombre inacceptable de morts néonatales. Un programme expérimental a proposé une vaccination combinée coqueluche, diphtérie, poliomyélite à 700.000 femmes au 3ème mois de leur grossesse. Depuis fin 2012, des résultats ont été recueillis pour 20.074 femmes vaccinées. Leur analyse révèle que la vaccination n'a pas augmenté le nombre d'enfants mort-nés (Donegan et coll., BMJ). Les risques de mort des mères ou des enfants, de pré-éclampsie, de fausse-couche, d'hémorragie, de détresse fœtale, de rupture utérine, d'accouchement compliqué ou de petit poids de naissance n'ont pas non plus été augmentés dans le groupe des femmes vaccinées par rapport à un large échantillon de femmes non vaccinées suivies sur la même période, et la durée de la grossesse n'a pas été modifiée. Une étude publiée dans The Lancet estime que l'efficacité de la vaccination ainsi pratiquée, mesurée sur l'évolution de la fréquence des cas confirmés de coqueluche chez les nourrissons de moins de 3 mois et celle de la fréquence des hospitalisations nécessaires, s'est élevée à plus de 90 % (Amirthalingam et coll., The Lancet).

En France, l'administration d'un vaccin contre la coqueluche à la mère pendant la grossesse permettrait de couvrir la période durant laquelle le nourrisson n'est pas protégé ou insuffisamment protégé contre la coqueluche, grâce au transfert materno-foetal, par voie transplacentaire, d'anticorps anti-coquelucheux maternels protecteurs. A l'heure actuelle, prenant en compte les données disponibles et l'épidémiologie de la coqueluche, le Haut Conseil de la santé publique ne recommande pas la vaccination contre la coqueluche des femmes enceintes. De plus, le vaccin trivalent évalué aux Etats-Unis et en Angleterre n'est actuellement pas disponible en France, où les vaccins utilisés chez l'adulte sont des vaccins quadrivalents (diphtérie-tétanos-coqueluche-poliomyélite, ou "dTcaPolio", correspondant aux vaccins Repevax et Boostrixtetra).

Références

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