Nouvelles recommandations, en période de pénurie, concernant la vaccination contre l'hépatite A

Publié le 24 mai 2016 à 00h00

Biographie

- Médecin biologiste à la retraite.
- Auparavant : médecin biologiste dans un hôpital d'Instruction des armées pendant 6 ans, puis détaché pendant 20 ans par le Service de santé des armées comme virologiste d'abord puis comme directeur dans 3 instituts du Réseau international des Instituts Pasteur.

Liens d'intérêt

- Aucune rémunération actuelle ou dans le passé de l'industrie pharmaceutique.
- Aucun investissement financier dans une firme pharmaceutique.
- Aucune participation à des études cliniques de vaccins.

Les vaccins contre l'hépatite A monovalents, au dosage pédiatrique ou adulte et commercialisés sur le marché national, ont fait l'objet de tensions d'approvisionnement depuis 2015. Ceci a amené le Haut Conseil de la santé publique à émettre en juin 2015, en réponse à une saisine de la Direction Générale de la Santé (DGS), un avis concernant l'utilisation optimale des lots de vaccin disponibles. L'aggravation actuelle de la situation amène à la publication et à l'actualisation de cet avis.

  • L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a été informée que les approvisionnements en vaccins contre l'hépatite A adultes prévus sur l'année 2016 ne permettront pas de répondre en totalité aux besoins du marché.
  • Les distributions, tant sur le marché de ville et que sur le marché des collectivités, font l'objet d'un fort contingentement. Il s'agit en effet, compte tenu des approvisionnements reçus, de préserver le plus longtemps possible les unités restantes en quantité limitée.
  • Concernant les vaccins contre l'hépatite A pour les enfants, à la date de publication du présent avis, les différentes spécialités disponibles permettent de couvrir les besoins nationaux globaux du marché. Des tensions ponctuelles sont cependant susceptibles d'être observées en fonction des stocks disponibles et des dates des approvisionnements. Par ailleurs, compte tenu de la situation observée sur le marché des vaccins anti-hépatite A pour les adultes, les vaccins anti-hépatite A pédiatriques font l'objet d'une surveillance particulière, afin qu'il n'y ait pas d'impact ou de déstabilisation sur ce marché prioritaire.

Le 19 mai 2016, prenant en compte les données sur les durées de protection, le Haut Conseil de la santé publique a défini les recommandations suivantes :

  • Toute nouvelle vaccination initiée durant la période de pénurie se fait par une seule dose. L'administration de la seconde dose ne sera envisagée qu'après le retour à la normale de l'approvisionnement, en respectant l'Autorisation de mise sur le marché (AMM) actuelle des différents vaccins.
  • Les personnes ayant déjà reçu une dose de vaccin et qui vont se retrouver en situation d'exposition au virus de l'hépatite recevront une seconde dose que lors du retour à la normale de l'approvisionnement.
  • Les personnes immunodéprimées ayant déjà reçu une dose de vaccin et qui vont se retrouver en situation d'exposition au virus de l'hépatite A pourront recevoir une seconde dose. En effet, la persistance de l'immunité après une seule dose est incertaine dans leur cas.
  • Les personnes ayant déjà reçu deux doses de vaccin (quel que soit le délai entre les deux doses) ne recevront pas de rappel, même s'ils sont à nouveau en situation d'exposition.

Le Haut Conseil de la santé publique recommande de vacciner, en priorité :

  • Les enfants âgés de 1 an et plus, nés de parents issus de pays de haute endémicité de l'hépatite A : ils ne sont prioritaires pour cette vaccination que dans la perspective d'un séjour proche dans leur pays d'origine.
  • Les personnes de l'entourage d'un ou plusieurs cas confirmés, conformément aux recommandations inscrites au calendrier vaccinal.
  • Les voyageurs (âgés de 1 an et plus). Ils ne doivent être considérés comme prioritaires pour cette vaccination que si les conditions de leur séjour les exposent à un risque élevé de contamination par le virus de l'hépatite A. Les adultes nés avant 1945 ne seront vaccinés qu'après une sérologie prouvant leur absence d'immunisation.
  • Les personnes immunodéprimées exposées.
  • Les patients atteints de mucoviscidose et ou de pathologie hépatobiliaire susceptibles d'évoluer vers une hépatopathie chronique (notamment due au virus de l'hépatite B, de l'hépatite C ou à une consommation excessive d'alcool). La pratique préalable d'une sérologie prouvant leur absence d'immunisation est recommandée pour les patients adultes.
  • Les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes (HSH) exposés et non immunisés. La pratique préalable d'une sérologie prouvant leur absence d'immunisation est recommandée.

Par ailleurs, le Haut Conseil de la santé publique déconseille : 

  • L'utilisation de double dose de vaccins pédiatriques pour vacciner les adultes. Cette pratique, non conforme à l'AMM des vaccins, risque en outre de déstabiliser ce marché compte tenu des prévisions des approvisionnements et des stocks disponibles en vaccins pédiatriques et obérer la vaccination des enfants, qui constituent une part significative de la population prioritaire.
  • L'utilisation du vaccin combiné hépatite A-hépatite B, dont les réserves ne permettent pas de compenser le déficit en vaccins contre l'hépatite A.

Références