En Angleterre, bien que l'épidémie de grippe soit due essentiellement à des virus A(H3N2) montrant une évolution importante par rapport aux souches vaccinales, les vaccins semblent conserver leur efficacité

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Un rapport accessible sur le site de l’UKSHA présente la caractérisation génétique et antigénique des virus H3N2 et l'efficacité vaccinale (EV) en vie réelle contre les consultations aux urgences et les hospitalisations pour grippe A en Angleterre depuis le début de la saison grippale.

La fin de la saison grippale 2025 dans l'hémisphère Sud et le début de la saison 2025-2026 dans l'hémisphère Nord ont été marqués par une augmentation rapide de l'activité du sous-clade K du virus de la grippe A(H3N2) (anciennement sous-clade J.2.4.1), qui devrait dominer parmi les virus H3N2 durant la saison 2025-2026. Le sous-clade K représente une évolution importante des virus de la grippe A(H3N2) depuis la sélection des souches vaccinales candidates pour la saison 2025-2026 dans l'hémisphère Nord (basées sur le sous-clade J.2).

Les premières analyses de l’OMS sur la composition du vaccin antigrippal suggèrent une faible réactivité de ces virus avec les antisérums de dirigés contre les souches du vaccin de l’hémisphère Nord. L'impact de ces observations sur l'efficacité vaccinale (EV) contre la maladie clinique entre 2025 et 2026 reste incertain.

En Angleterre, l'activité grippale a débuté exceptionnellement tôt au cours de la saison 2025-2026, tout d’abord chez les adolescents et les jeunes adultes, puis chez les jeunes enfants. La plupart des indicateurs de la grippe, tous âges confondus, ont dépassé les niveaux de base dès la semaine 43 de 2025, soit le début de saison grippale le plus précoce en Angleterre depuis 2003-2004.

Depuis la semaine 40, 98% des cas sont dus à la grippe A et, lorsque le sous-typage était disponible, 84 % étaient de type A(H3N2).

Au 2 novembre 2025, la couverture vaccinale (CV) antigrippale était de 34 % chez les enfants de 2 à 3 ans, de 29 % chez les personnes de moins de 65 ans appartenant à un groupe à risque et de 62 % chez les adultes de 65 ans et plus (données de vaccination non disponibles pour les enfants d'âge scolaire).

Le séquençage du génome entier de 179 virus grippaux a révélé une prédominance des virus A(H3N2) antigéniquement appartenant au sous-clade K depuis la semaine 35 de 2025 (87 %).

La caractérisation antigénique par le test d'inhibition de l'hémagglutination (IHA) de 41 virus de la grippe A(H3N2) isolés en Angleterre entre mars et octobre 2025 , avec des antisérums dirigés contre les souches vaccinales actuelles, a révélé une tendance à la diminution de la réactivité. Cette chute était plus marqué avec les antisérums obtenus à partir de souches vaccinales cultivées sur œuf.

L’EV contre la grippe a été estimée à l’aide d’une étude cas-témoins avec test négatif. Les cas étaient les individus se présentant aux urgences ou hospitalisés personnes avec une résultat positif au test PCR de dépistage de la grippe, et les témoins étaient des individus comparables ayant obtenu un résultat négatif au test PCR. Les individus étaient considérés comme vaccinés 14 jours après la vaccination.

L’EV a été estimée contre les consultations aux urgences et les hospitalisations, stratifiées par groupe d’âge et par type et sous-type de grippe, lorsque cela était possible. Des analyses de sensibilité ont été réalisées en se limitant aux consultations aux urgences et aux hospitalisations avec un code respiratoire. L'analyse principale a porté sur les tests réalisés du 29 septembre 2025 au 2 novembre 2025.

  • Chez les enfants âgés de 2 à 17 ans :
    • l'EV globale contre les consultations aux urgences et les hospitalisations liées à la grippe A était de 74,8 % (IC à 95 % : 66,3 à 81,4 %) et 73,8 % (IC à 95 % : 62,8 à 82,1 %), respectivement ;
    • l'EV contre les consultations aux urgences et les hospitalisations liées à la grippe A(H3N2) était de 74,7 % (IC à 95 % : 52,3 à 87,9 %) et 72,8 % (IC à 95 % : 48,3 à 87,1 %), respectivement.
  • Chez les adultes âgés de 18 à 64 ans :
    • l’EV contre les consultations aux urgences et les hospitalisations liées à la grippe A était de 32,8 % (IC à 95 % : 13,3 à 48,6 %) et de 32,5 % (IC à 95 % : 9,6 à 50,4 %), respectivement ;
    • l’EV contre les consultations aux urgences et les hospitalisations liées à la grippe A(H3N2) était de 59,9 % (IC à 95 % : 14,8 à 84,5 %) et de 66,3 % (IC à 95 % : 23,7 à 88,3 %).
  • Chez les adultes de 65 ans et plus :
    • l’EV contre les consultations aux urgences et les hospitalisations pour grippe A était respectivement de 34,7 % (IC à 95 % : 22,2 à 45,3 %) et de 39,0 % (IC à 95 % : 26,4 à 49,7 %) ;
    • l'EV contre les consultations aux urgences et les hospitalisations pour grippe A(H3N2) était respectivement de 34,8 % (IC à 95 % : 9,1 à 62,9 %) et de 31,7 % (IC à 95 % : 14,4 à 61,2 %).
  • Les analyses de sensibilité restreintes aux consultations aux urgences et aux hospitalisations codées pour les symptômes respiratoires ont montré des estimations d'EV similaires, et les analyses de sensibilité utilisant une autre source de données d'hospitalisation ont également donné des résultats similaires.

Les auteurs de ce rapport concluent que :

  • Compte tenu de la forte proportion de virus caractérisés appartenant au sous-clade K de la grippe A(H3N2) au cours de la période d'étude, leurs résultats sont susceptibles de refléter l’EV contre ce sous-clade. Ils considèrent ces premiers résultats comme rassurant, les EV rapportées étant comparables aux estimations d’EV de fin de saison généralement observées chez les adultes ces dernières années au Royaume-Uni, en Europe et au Canada.
  • L’EV élevée constatée chez les enfants est mise sur le compte de l’utilisation d’un vaccin antigrippal vivant atténué.
  • La préférence pour les vaccins sans œufs chez les adultes au Royaume-Uni, a probablement contribué au maintien de l'efficacité vaccinale observée chez les adultes.
  • La raison des résultats d'EV inférieurs chez les adultes par rapport aux enfants pourrait s'expliquer par une immunité de base préexistante plus élevée contre les souches circulantes, auquel cas le vaccin offrirait un bénéfice supplémentaire moindre. Des analyses de séroprévalence seront nécessaires pour confirmer cette hypothèse.
  • Le nombre de cas est actuellement trop faible pour estimer l'efficacité par type de vaccin.
  • L’EV élevée chez les enfants renforce l'argument en faveur de l'optimisation de la vaccination dans ce groupe, où l'on pourrait également observer une protection indirecte chez d'autres groupes d'âge.

Remarques : Quels sont les vaccins antigrippaux recommandés en Angleterre ?
Chez les enfants, le vaccin antigrippal vivant atténué (LAIV) est recommandé en première intention, suivi du vaccin inactivé à issu de culture cellulaire (IIVc), chez les adultes à risque âgés de 18 à 64 ans, les vaccins recombinants (IIVr) sont recommandés, de 50 à 64 ans, le vaccin avec adjuvant (aIIV) est recommandé, et de 60 à 64 ans, le vaccin à haute dose (IIV-HD) est également recommandé. À partir de 65 ans, l’aIIV, l’IIV-HD ou l’IIVr sont recommandés. Les vaccins à dose standard issus de culture sur œufs ne sont recommandés que lorsque d’autres vaccins ne sont pas disponibles.

Source : Kirsebom FCM, Thompson C, Talts T et col. Early influenza virus characterisation and vaccine effectiveness in England in autumn 2025, a period dominated by influenza A(H3N2) subclade K

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