Les infections invasives à méningocoques en France : bilan des cas en 2012

mesvaccins.net

Les infections invasives à méningocoques sont soumises à déclaration obligatoire en France. L'Institut de veille sanitaire a publié le bilan épidémiologique de ces infections notifiées en 2012 (1).

Incidence et caractéristiques des cas survenus en 2012

En 2012, 559 infections invasives à méningocoques (bactéries appartenant à l'espèce Neisseria meningitidis) ont été notifiées, dont 547 en France et 12 dans les départements d'outre mer. Rapportée au nombre d'habitants et corrigée en estimant les cas non déclarés, la fréquence de l'ensemble des cas (incidence) est estimée à 0,94 pour 100.000 habitants, soit une incidence comparable à ce qui était noté en 2011. Cependant, une évolution de l'incidence des cas est observée en fonction des sérogroupes de Neisseria meningitidis.

Il y a autant d'infections invasives notifiées chez les personnes (de sexe masculin ou féminin) âgées de moins de 18 ans que chez celles âgées de plus de 18 ans (âge médian : 18 ans). Cependant, le taux de notification le plus élevé a été rapporté chez les enfants de moins d'un an (fréquence des cas : 9,02 pour 100.000).

Les sérogroupes B et C sont responsables de 90 % des cas d'infection invasive, respectivement 68 % des cas pour le sérogroupe B et 18 % des cas pour le sérogroupe C. L'augmentation de l'incidence des infections invasives à méningocoque C a été présentée dans un point d'actualitédu 17/01/2014, intitulé "Recrudescence de la méningite C", sur Mesvaccins.net.

Cette nouvelle fait le point sur l'évolution épidémiologique des infections invasives à méningocoques liées aux sérogroupes B, W135 et Y.

Émergence et diffusion de clones virulents dus à Neisseria meningitidis de sérogroupe B

En 2012, le taux d'incidence des infections invasives à méningocoque B est resté stable. Cependant, uneémergence de clones virulents a été observée dans les Pyrénées Atlantiques (cantons de Lagor et Navarrenx) et en Alsace.

Dans les Pyrénées Atlantiques, l'augmentation de l'incidence, qui a atteint 14 pour 100.000 habitants entre juillet et septembre 2012, et la survenue de nouveaux cas ont motivé une recommandation vaccinale du Haut Conseil de la santé publique en février 2013, "si de nouveaux cas survenaient dans un délai de moins de un an après le dernier cas", c'est-à-dire avant septembre 2013. Deux nouveaux cas étant survenus en avril 2013, la campagne de vaccination intéressant les personnes âgées de 2 mois à 24 ans, contacts des cas, a été lancée initialement avec le vaccin alors disponible MenBvac®. Elle devrait se poursuivre avec le vaccin Bexsero®.

En Alsace, la survenue de 16 cas d'infections invasives à méningocoque B liés à l'émergence d'un nouveau clone a conduit à une surveillance renforcée.

En Normandie, la campagne de vaccination contre le clone hyperendémique B:14:P1.7,16, initiée dès 2006 dans certains cantons du département de la Seine Maritime, s'est poursuivie en 2012 et 2013 et a été étendue aux personnes éligibles à la vaccination résidant ou travaillant dans la Somme, dans les cantons limitrophes du département de la Seine Maritime. En 2014, la campagne de vaccination des nouvelles personnes éligibles à ces recommandations vaccinales sera réalisée avec le vaccin Bexsero®, nouvellement disponible en France. Le schéma vaccinal des personnes ayant déjà initié leur vaccination avec le vaccin MenBvac® sera poursuivi avec celui-ci.

Incidence des infections invasives aux méningocoques dues aux sérogroupes Y et W135

L'augmentation des infections invasives dues aux méningocoques de sérogroupe Y, observée en 2010 et 2011, ne s'est pas poursuivie en 2012 (incidence: 0,05 pour 100.000). Les cas surviennent le plus souvent chez des personnes âgées présentant des infections pulmonaires ou chez des patients plus jeunes présentant un déficit en certaines fractions du complément.

Le taux de notification des infections à méningocoque W135 a triplé entre 2011 et en 2012 (de 0,02 à 0,06 pour 100.000). Les cas survenus début 2012 avaient un lien épidémiologique avec un pays d'Afrique subsaharienne (Bénin, Mali et Sénégal). C'est pourquoi la vaccination avec un des deux vaccins tétravalents A,C,W135,Y disponibles en France, Menveo® et Nimenrix®, doit être proposée aux voyageurs effectuant un séjour à risque dans un pays appartenant à cette zone géographique où les infections à méningocoques sont très fréquentes, appelée "ceinture africaine de la méningite" ou "ceinture de Lapeyssonnie".

Conclusion

Le sérogroupe B reste majoritaire avec la circulation de deux clones bactériens invasifs dans deux régions. La disponibilité d'un vaccin avec une autorisation de mise sur le marché contre les infections invasives à méningocoque B ouvre de nouvelles perspectives en termes de gestion et de contrôle de foyers d'hyperendémie dus à ce sérotype.

Les recommandations vaccinales générales (contre le méningocoque C) ou particulières (contre les méningocoques de sérogroupes B, C, W135 et Y) sont prises en compte par le système expert du carnet de vaccination électronique deMesvaccins.net.

Référence

(1) Infections invasives à méningocoques en France en 2012. BEH 2014, 1-2: 25-31.

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