Des épidémies d'hépatite A surviennent dans plusieurs régions du monde

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Des épidémies d'hépatite A ont été rapportées en Europe et dans d'autres régions du monde au cours des derniers mois.

Qu'est-ce que l'hépatite A ?

L'hépatite A est une maladie du foie due à un virus cosmopolite, c'est-à-dire présent dans le monde entier. Après une incubation de 2 à 6 semaines (un mois en moyenne), elle se manifeste le plus souvent par un ictère (communément appelé "jaunisse"), de la fièvre et un état de fatigue parfois prolongé. Les symptômes occasionnés sont plus fréquents et plus intenses lorsque la maladie survient chez l'adulte (le risque d'hépatite fulminante augmente avec l'âge) que lorsqu'elle atteint l'enfant. Dans les formes les plus graves, seule la réalisation d'une transplantation du foie peut sauver le patient. Il n'existe pas de traitement curatif de l'hépatite A. Les mesures d'hygiène de l'eau et des aliments permettent de réduire le risque de contamination. Le meilleur moyen de prévention contre l'hépatite A est aujourd'hui la vaccination, à la fois très efficace et bien tolérée.

Dans les pays à bas niveau d'hygiène, l'hépatite A survient dans l'enfance, où elle est souvent asymptomatique, et confère une protection à vie. Avec l'amélioration de l'hygiène, la proportion d'adultes non infectés durant l'enfance devient de plus en plus élevée. De manière paradoxale, la maladie étant plus grave chez l'adulte, son poids épidémiologique devient alors plus important et doit être pris en compte pour définir une politique de prévention adaptée.

Epidémies d'hépatite A en dehors de l'Europe.

Sur le continent américain, des épidémies ont par exemple été décrites aux Etats-Unis (en Californie, où le gouverneur à décrété l'état d'urgence, et dans l'Utah), au Brésil, au Mexique(où le risque pour les voyageurs a été souligné) et au Chili.

En Asie, des cas groupés ont été rapportés au Laos, en Indonésie, en Chine, au Népal, en Inde et en Jordanie.

En Afrique, une épidémie a été décrite en 2016 au Kenya.

Situation épidémiologique de l'hépatite A en Europe.

Depuis février 2017, une augmentation importante du nombre de cas d'hépatite A, touchant en particulier les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), est observée dans une vingtaine des 31 Etats membres de l'espace économique européen(1). Trois souches épidémiques du virus de l'hépatite A sont en cause et portent des noms liés leurs caractéristiques épidémiologiques :

  • RIVM-HAV16090 dite « Nl Europride »,
  • VRD-521-2016 dite « UK travel to Spain »,
  • V16-25801 dite « Germany Munich/Berlin/Francfort ».

De janvier à août 2017,19 pays (Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Estonie, Espagne, Finlande, France, Grèce, Irlande, Islande, Italie, Luxembourg, Malte, Pays-Bas et Royaume-Uni) ont signalé 11 212 cas confirmés en laboratoire, soit quatre fois plus que la moyenne de 2 594 cas signalés annuellement pour la même période entre 2012 et 2015. Le sexe-ratio hommes-femmes est de 4,3. Depuis lors, le nombre de cas chez les hommes a diminué et, parallèlement, le sexe-ratio hommes-femmes a diminué tout en restant supérieur à 3,5.

Figure 1. Répartition des cas d'hépatite A survenus dans l'espace économique européen selon le sexe-ratio hommes-femmes, janvier 2012 à août 2017, au 27 septembre 2017.

Situation épidémiologique de l'hépatite A** en France.**

L'hépatite A est surveillée en France par l'Agence nationale de santé publique, qui s'appuie sur la déclaration obligatoire de cette maladie. La surveillance virologique est réalisée par le Centre national de référence VHA VHE.

Du 1er janvier au 31 août 2017, 2 060 cas d'hépatite A ont été déclarés. Le nombre de cas d'hépatite A déclarés durant cette période est trois fois supérieur au nombre total de cas déclarés au cours de l'année 2016 (693 cas).

Cette épidémie concerne majoritairement les hommes, qui représentent 1 639 (80 %) des 2 060 cas déclarés en 2017, alors que les cas déclarés en 2016 concernaient autant les hommes que les femmes.

L'épidémie d'hépatite A concerne actuellement toutes les régions métropolitaines, mais à des niveaux différents. Les incidences les plus élevées concernent les régions Ile-de-France, Hauts-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d'Azur, Occitanie et Nouvelle-Aquitaine. Des cas groupés ont été observés en population générale au sein de foyers familiaux mais aussi lors de la fréquentation de restaurants, après consommation d'aliments contaminés par un cuisinier atteint d'hépatite A.

Vaccination contre l'hépatite A.

La principale mesure de prévention dans ce contexte est la vaccination contre l'hépatite A des HSH. L'ECDC suggère de promouvoir et d'offrir la vaccination aux HSH.

En France , la vaccination des HSH est recommandée (3), mais le vaccin contre l'hépatite A n'est pas remboursé par l'assurance maladie dans cette situation (le vaccin n'est remboursé que pour les patients atteints de mucoviscidose et ceux atteints d'une pathologie hépatique chronique active). Cependant, les vaccins devraient être disponibles et délivrés gratuitement dans les CGIDD (Centres gratuits d'information, de dépistage et de diagnostic).

La disponibilité limitée des vaccins contre l'hépatite A ne facilite pasla mise en œuvre de la vaccination. Les HSH font partie des personnes qui doivent bénéficier en priorité de la vaccination. Le schéma vaccinal contre l'hépatite A comporte deux doses espacées de 6 à 12 mois pour les vaccins monovalents (Havrix 1440 U et Havrix 720 U ; Avaxim 160 U et Avaxim 80 U) ou trois doses pour les vaccins combinés avec la valence anti-hépatite B (Twinrix enfant et Twinrix adulte). En période de pénurie, l'utilisation du vaccin combiné hépatite A-hépatite B, dont les réserves ne permettent pas de compenser le déficit en vaccins contre l'hépatite A, est déconseillée. Il est recommandé de vacciner contre l'hépatite A avec une seule dose d'un vaccin monovalent ; l'administration de la seconde dose ne sera envisagée qu'après retour à la normale de l'approvisionnement (4).

En présence d'un ou de plusieurs cas d'hépatite A, en complément des mesures d'hygiène et de l'information des sujets contacts, la vaccination est recommandée dans :

  • l'entourage familial d'un patient atteint d'hépatite A ou de toute personne vivant sous le même toit que le cas, afin d'éviter une dissémination intrafamiliale. Il est recommandé de vacciner le plus tôt possible, sans examen sérologique préalable et dans un délai maximum de 14 jours suivant l'apparition des signes cliniques du cas, les personnes n'ayant jamais été vaccinées contre l'hépatite A, réunissant toutes les conditions suivantes : nées après 1945, sans antécédent connu d'ictère et n'ayant pas séjourné plus d'un an dans un pays de forte endémicité. Si l'une au moins des conditions précédentes n'est pas remplie, une sérologie préalable est fortement recommandée, à la recherche d'anticorps témoins d'une immunité ancienne, à condition que sa réalisation soit compatible avec le délai de 14 jours suivant l'apparition des signes cliniques du cas ;
  • **des communautés de vie en situation d'hygiène précaire## . La population exposée, définie par l'investigation épidémiologique, sera vaccinée dès l'apparition du premier cas et

dans un délai maximum de 14 jours suivant l'apparition des signes cliniques de ce cas** , afin d'éviter une extension épidémique au sein de la communauté et une diffusion hors de la communauté.

Références

  1. ECDC. Epidemiological update: hepatitis A outbreak in the EU/EEA mostly affecting men who have sex with men.
  2. Santé publique France. Point de situation au 11 septembre 2017. Epidémie d'hépatite A en France et en Europe.
  3. Ministère de la santé. Recommandations vaccinales contre l'hépatite A. Calendrier vaccinal 2017.
  4. Haut Conseil de la santé publique. Avis relatif aux tensions d'approvisionnement de vaccins contre l'hépatite A et l'hépatite B.

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