L'Organisation mondiale de la santé déclare que la propagation de la poliomyélite demeure une urgence de santé publique de portée internationale

Publié le 12 juin 2019 à 11h10

Biographie

Médecin retraité, spécialisé en médecine des voyages. Membre de la Société de médecine des voyages (depuis 2000) Formateur en vaccinologie et médecine des voyages (depuis 2000)

Liens d'intérêt

Absence de lien d’intérêt avec les firmes pharmaceutiques

La 21ème réunion du Comité d'urgence au titre du Règlement sanitaire international concernant la propagation internationale du poliovirus s'est tenue le 29 mai 2019 au siège de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Le Comité d'urgence a examiné les données sur le poliovirus sauvage de type 1 (PVS1) et les poliovirus dérivés du vaccin en circulation (PVDVc).

1. Poliovirus sauvage

Une nouvelle augmentation importante du nombre de cas de PVS1 est survenue dans le monde en 2019.

Pakistan.

Depuis le début de l'année, 21 cas ont déjà été notifiés. Au cours de la même période en 2018, seulement 3 cas avaient été notifiés.

La transmission continue à être active, comme l'indiquent le nombre d'isolats environnementaux positifs dans de nombreuses régions du pays. La proportion d'échantillons contenant le virus PVS1 est en augmentation.

De plus, le virus PVS1 a été détecté dans des eaux usées en Iran, dans une zone proche de la frontière avec le Pakistan.

Afghanistan.

Depuis le début de l'année, 8 cas ont déjà été notifiés, versus 9 cas au cours de la même période en 2018.

Le manque d'accès à la vaccination entrave sérieusement les progrès vers l'éradication mondiale et doit être résolue.

Nigéria.

Aucun PVS1 n'a été détecté depuis plus de deux ans et demi et il est possible que la région africaine soit certifiée exempte de poliovirus sauvage début 2020.

2. Poliovirus dérivé du vaccin 

A la date du 29 mai 2019, 12 cas de PVDVc2 (poliovirus dérivé du vaccin de type 2) ont été notifiés au Nigeria (8 cas), en Somalie (2 cas), en République Démocratique du Congo (1 cas) et au Niger (1 cas).

Au cours de la même période en 2018, 16 cas ont été notifiés en République Démocratique du Congo (8 cas), en Somalie (4 cas), au Nigeria (2 cas) et en Papouasie-Nouvelle-Guinée (2 cas).

L'émergence de nouvelles souches de PVDVc2 dans les zones où le vaccin antipoliomyélitique oral monovalent de type 2 (VPOm2) a été utilisé, la propagation récente du PVDVc2 dans le sud du Nigeria, y compris dans la région densément peuplée de Lagos, et les signes de transmission manquée au Nigeria et en Somalie suggèrent que la situation continue de se dégrader.

Une couverture insuffisante par le vaccin antipoliomyélitique inactivé (VPI) augmente la vulnérabilité croissante du continent à la transmission du PVDVc2. Des cas ont été signalés à plusieurs reprises dans des districts frontaliers (au Nigeria, au Cameroun, près du Bénin, en République Démocratique du Congo, près de l'Angola, en Somalie, près de l'Éthiopie et au Mozambique).

Les flambées de PVDVc1 en Papouasie-Nouvelle-Guinée et en Indonésie et de PVDVc3 en Somalie mettent en évidence les lacunes en matière d'immunité de la population en raison de poches de couverture vaccinale insuffisante dans de nombreuses régions du monde.

La couverture vaccinale est faible dans tous les pays infectés, et elle est très faible dans de nombreuses régions de ces pays.

3. Conclusion

Les progrès accomplis ces dernières années pour lutter contre le risque croissant de propagation du PVS1 semblent s'inverser. Le comité estime que risque de propagation internationale a atteint son plus haut niveau depuis 2014, au cours de laquelle l'urgence de santé publique de portée internationale (USPPI) avait été déclarée.

Cette décision s'est basée sur un certain nombre de facteurs ayant inclus le nombre croissant de cas de PVS1 au Pakistan, la proportion en hausse d'échantillons environnementaux positifs au PVS1 en Afghanistan et au Pakistan, et la résistance croissante rencontrée aux niveaux individuel et communautaire vis-à-vis du programme de lutte contre la poliomyélite.

Des préoccupations ont également été exprimées sur le risque croissant de propagation du PVDVc, la baisse de l'immunité contre le poliovirus de type 2, la faible immunisation de routine ainsi que les déplacements des populations et les lacunes en matière de surveillance.

Le comité a recommandé d'étendre pendant trois mois supplémentaires les recommandations temporaires visant à réduire la propagation des poliovirus, lesquelles comprennent notamment des recommandations de vaccination propres à chaque pays. 

Source : Organisation mondiale de la santé.