35éme réunion du Comité d'urgence du Règlement sanitaire international (RSI) sur la sur la poliomyélite

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La 35éme réunion du Comité d'urgence du Règlement sanitaire international (RSI) sur la sur la poliomyélite s’est réuni le 3 mai 2023 pour examiner les données relatives au poliovirus sauvage (PVS1) et aux poliovirus circulants dérivés de vaccins (PVDVc) dans le contexte de l'objectif mondial d'éradication du PVS et de cessation des flambées de PVDVc2 d'ici à la fin de 2023.

1. Poliovirus sauvage

Au Pakistan, à la date du comité, un nouveau cas de PSV1avait été notifié en février 2023 dans la province de Khyber Pakhtunkhwa (KP) et il y avait eu trois échantillons environnementaux positifs (deux au Punjab et un au KP). Deux de ces trois virus environnementaux étaient liées à des virus circulant en Afghanistan. Un nouveau prélèvement environnemental positif a été signalé au KP cette semaine.

En Afghanistan, à la date du comité, aucun cas n'avait été signalé en 2023, le dernier cas remontant au 29 août 2022. Depuis, deux cas de poliomyélite à PSV1 ont été signalés (nouvelles 20790 et 20816). Dix-huit échantillons environnementaux positifs avaient été prélevés à la date du comité en 2023 (22 à la date de rédaction de cette nouvelle), tous dans la région orientale, trois dans la région de Kunar et 15 dans celle de Nangarhar. Il existe des zones d'insécurité et de refus de vaccins, avec un nombre élevé d'enfants n'ayant reçu aucune dose dans la région méridionale du pays.

En Afrique australe , aucun nouveau cas n'a été signalé dans l'épidémie de PSV1, le cas le plus récent s'étant manifesté le 10 août 2022 au Mozambique. Toutefois, une transmission continue ne peut être exclue dans aucun des deux pays, en raison de lacunes dans la surveillance de la poliomyélite et d'une couverture sous-optimale des campagnes de vaccination.

Au niveau mondial, il ne reste plus que trois groupes génétiques de PSV1, soit une réduction importante de la diversité génétique du PSV1. Cela indique que les chaînes de transmission ont été réduites à deux dans les pays endémiques restants, le Pakistan et l'Afghanistan, et à une en Afrique.

2.** Poliovirus circulant dérivé d'un vaccin (PVDVc)**

2.1. PVDVc2

Malgré le déclin continu du nombre de cas de PVDVc2 et du nombre de lignées en circulation, le risque de propagation internationale du PVDVc2 reste élevé. La preuve en est la forte transmission en République démocratique du Congo (RDC) avec la propagation du cVDPV2 au Burundiet au Malawi.

Dans la région africaine, qui utilise désormais exclusivement le nouveau Vaccin Polio Oral (VPO), deux nouveaux PVDVc ont été détectés en RDC à la suite de l'utilisation de ce vaccin. Toutefois, le nouveau VPO conserve sa stabilité génétique accrue par rapport au VPO Sabin, la plupart des isolats analysés par séquençage du génome entier n'indiquant aucun changement ou des changements minimes dans la structure génétique du nouveau VPO (2 % de tous les isolats signalés à ce jour ont montré des signes de modifications génétiques qui réduisent la neurovirulence, et ces modifications n'ont été détectées qu'en Ouganda, en République centrafricaine, en RDC et au Burundi, contre les 75 % attendus pour le VPO Sabin).

Le comité est préoccupé par le fait qu'en Indonésie, il existe des preuves de transmission manquée du PVDVc2 et que le cas de PVDVc2 identifié en Israël indique une transmission continue dans le pays.

2.2. PVDVc1

L'émergence et la transmission continue du PVDVc1 à Madagascar, en RDC et au Mozambique sont préoccupantes dans le contexte de l'épidémie de PSV1 en Afrique australe, car elles révèlent des lacunes dans l'immunité de la population contre les poliovirus de type 1, y compris le PSV1.

Le risque de flambées de PVDVc peut être liée à la combinaison de plusieurs facteurs : l’inaccessibilité, l'insécurité, une forte concentration d'enfants non vaccinés et les déplacements de population. Ces facteurs sont retrouvés en particulier au nord du Yémen, au nord du Nigeria, dans centre-sud de la Somalie, à l'est de la RDC, mais aussi dans le nord du Mozambique.

Le comité a noté que quelques pays ont connu des flambées de plus d'un PVDVc, ce qui indique un déficit d'immunité important au sein de leur population.

3. Conclusions

Le comité a convenu à l'unanimité que le risque de propagation internationale du PVS1 et du PVDVc2restait une urgence de santé publique de portée internationale et a recommandé la prorogation des recommandations temporaires pour une période supplémentaire de trois mois.

Le Comité a émis un ensemble de recommandations visant à réduire le risque de propagation internationale du PSV1 et des PVDVc, en stratifiant les risques comme suit :

  • États infectés par le PVS1, le PVDVc1 ou le PVDVc3 présentant un risque potentiel de propagation internationale
  • États infectés par le PVDVc2, avec ou sans preuve de transmission locale (date de dernière
  • États qui ne sont plus infectés par le PSV1 ou le PVDVc, mais qui restent vulnérables à une réinfection par le PSV ou le PVDVc

Celles concernant les voyageurs sont précisées dans une autre nouvelle.

Par ailleurs, le Comité

  • a pris note avec inquiétude des nouvelles zones de conflit au Soudan qui perturbent les services de santé et créent une nouvelle crise de réfugiés dans les pays voisins. Cette situation doit être suivie de près, car de nombreux pays voisins connaissent déjà des flambées de PVDVc résultant d'une faible couverture vaccinale essentielle.
  • notant l'impact négatif de la pandémie de COVID-19 sur la couverture vaccinale dans de nombreux pays touchés par la poliomyélite, a souligné l'importance de rétablir la couverture vaccinale essentielle.
  • a reconnu que la vaccination aux frontières n'était peut-être pas possible aux frontières très poreuses de l'Afrique, mais il s'est inquiété du manque de synchronisation et de coordination transfrontalière en réponse à l'importation du PSV1 en Afrique du Sud-Est.
  • a également noté avec inquiétude que la plupart des cas de Paralysie Flasque Aigue (PFA) au Mozambique avaient été détectés lors de campagnes et que des efforts de surveillance plus systématiques étaient nécessaires, y compris la formation des cliniciens à l'identification et à la prise en charge des cas de PFA.
  • est préoccupé par les conflits et l'insécurité dans de nombreux pays infectés, car ces circonstances permettent aux poliovirus d'échapper au contrôle dans des pays tels que le Yémen, le Nigeria, la RDC, le Mozambique et le Soudan.

Source : Organisation Mondiale de la Santé

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