Couverture vaccinale dans les pays de l'Union européenne

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Le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) a publié le 23 mai 2012 le premier rapport qui compare la France aux autres pays de l'Union européenne (UE) sur l'état de santé de sa population et l'efficacité de son système de santé.

Le rapport est réalisé à partir des indicateurs de santé définis par la Commission européenne destinés à établir une cohérence dans les données statistiques à l'échelle communautaire. Ceux-ci sont renseignés à travers les bases de données internationales : Eurostat, Organisation mondiale de la santé (OMS) et Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). D'autres indicateurs proviennent d'agences spécialisées (consommation de drogues, cancers).

Au total, 88 indicateurs répartis en 5 catégories (démographie et facteurs socio-économiques, état de santé, déterminants de la santé, ressources et utilisation du système de santé, politiques de santé) ont été pris en compte.

Les indicateurs retenus pour suivre la vaccination concernent les vaccinations infantiles et la vaccination antigrippale pour les seniors.

Vaccination des enfants dans l'Union européenne

L'indicateur des vaccinations infantiles mesure le pourcentage des enfants qui ont reçu l'ensemble des vaccins prévus par les programmes nationaux de vaccination contre d'importantes maladies telles que la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, la poliomyélite (DTCP) pour leur premier anniversaire, et contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (vaccin trivalent ROR) pour leur deuxième anniversaire.

Les enfants français sont presque tous vaccinés par le DTCP et un peu moins par le ROR

Avec 98 % des enfants vaccinés à un an contre la diphtérie, le tétanos, la coqueluche et la poliomyélite en 2008, la France dépasse le pourcentage de vaccination moyen des 27 pays de l'UE (95 %) et se situe à la 8ème place sur 25. Les extrêmes vont pour le vaccin DTCP de 99,9 % en Hongrie à 72 % à Malte.

La couverture vaccinale est par contre moins importante pour la rougeole, la rubéole et les oreillons avec 89 % d'enfants vaccinés à deux ans contre 93 % des enfants vaccinés en moyenne en Europe la même année. La couverture vaccinale pour ces trois maladies était encore en deçà des objectifs de la loi de santé publique, fixés à 95 %.

En général, la couverture vaccinale est meilleure dans les nouveaux Etats membres, à l'exception de Malte, que dans ceux de l'UE 15. Parmi ceux-ci, l'Autriche, le Danemark et le Royaume-Uni appartiennent aux pays ayant les plus faibles pourcentages de couverture vaccinale.

Ainsi, les programmes de vaccination infantile sont globalement satisfaisants en Europe. Le problème principal pour obtenir une couverture vaccinale plus élevée est d'atteindre les groupes peu vaccinés.

Une évolution de la couverture vaccinale infantile variable en France selon les maladies

La couverture par le vaccin DTCP est très élevée depuis une longue période. Dès 1989, le cap des 95 % d'enfants vaccinés à 24 mois a été franchi. Depuis, le pourcentage se maintient proche de la couverture maximale (98 % en 2008). La vaccination par le ROR offre un exemple de progression continue. En effet, la vaccination a démarré tard, au milieu des années 1980, par rapport à d'autres pays. A peine plus de 50 % des enfants étaient vaccinés en 1988 contre 87 % en 2008.

Globalement, les taux de couverture vaccinale infantile sont en hausse en Europe, mais des exceptions existent

La couverture vaccinale infantile moyenne de l'UE est en règle générale en augmentation, mais certains pays peuvent rencontrer des difficultés et connaître des baisses après avoir atteint des pourcentages élevés de vaccination. C'est le cas par exemple de Malte, du Royaume-Uni et du Danemark. Ces baisses de couverture vaccinale pourraient conduire à la réémergence de certaines maladies ou à la survenue d'épidémies.

De nouveaux vaccins arrivent actuellement sur le marché. En France, par exemple, des recommandations de vaccination généralisée ont été délivrées pour les infections à pneumocoques en 2006 et pour les infections à papillomavirus en 2007. L'établissement de la balance entre les bénéfices et les risques ou du ratio coût-efficacité a conduit à ne pas intégrer la vaccination contre la varicelle ou le rotavirus dans le calendrier vaccinal du nourrisson.

Les programmes de vaccinations infantiles ont eu comme résultat la régression des maladies infantiles dans les dernières décennies. Les épidémies surviennent encore dans les groupes de population pour lesquels la couverture vaccinale reste faible. En 2002, l'OMS a déclaré que la poliomyélite était éliminée d'Europe et que ce serait l'objectif de 2010 pour la rougeole et la rubéole.

Les données disponibles proviennent de l'OCDE et de l'OMS. Les données nationales sont rapportées annuellement par les Etats membres auprès de l'unité chargée des maladies contagieuses de l'OMS-Europe. En France, le pourcentage de couverture vaccinale est calculé sur la base des certificats de santé des enfants de 24 mois, avec une analyse au niveau départemental par les services de protection maternelle et infantile puis au niveau national par l'Institut de veille sanitaire.

Les programmes de vaccination ne sont pas harmonisés au niveau européen. En effet, les recommandations vaccinales ainsi que les calendriers nationaux de vaccination diffèrent selon les pays. Ainsi, l'âge de l'immunisation complète peut varier d'un pays à l'autre selon les calendriers vaccinaux. En conséquence, les couvertures vaccinales sont évaluées en tenant compte des programmes nationaux.

Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC - European Centre for Disease Prevention and Control), en partenariat avec les Etats membres et la Commission européenne, travaille au développement d'une base scientifique d'étude des stratégies harmonisées de vaccination et des calendriers vaccinaux. Par ailleurs, l'ECDC participe avec les Etats membres à la définition de méthodologies standardisées et communes pour calculer les couvertures vaccinales afin d'améliorer la comparabilité des données.

Vaccination antigrippale des seniors

L'indicateur de la vaccination antigrippale des seniors est le pourcentage de personnes âgées de 65 ans et plus vaccinées contre la grippe au cours des douze derniers mois.

Le pourcentage de vaccination des seniors en France est un des plus élevés d'Europe

Une majorité des personnes âgées vivant en France sont vaccinées contre la grippe chaque année : 69 % d'entre elles ont bénéficié de cette vaccination en 2007-2008. La France est le 3ème pays au pourcentage de vaccination des seniors le plus élevé parmi 12 pays européens (Finlande, France, Allemagne, Irlande, Hongrie, Italie, Luxembourg, Pays Bas, Slovaquie, Espagne, Suède et Grande-Bretagne) derrière les Pays-Bas (77 % en 2007) et la Grande-Bretagne (73,5 % en 2007). La France a dépassé le seuil de 50 % fixé par l'OMS pour l'année 2006 et s'approche du seuil de 75 % fixé par l'OMS pour 2010 et qui correspond à l'objectif retenu par la loi de santé publique de 2004.

La vaccination grippale peut réduire de 25 % à 39 % la part des hospitalisations chez les seniors non institutionnalisés et la mortalité globale de 39 % à 75 % pendant les saisons de grippe.

Il existe d'importantes variations des pourcentages de vaccination en Europe. En 2007, en Slovaquie et en Hongrie, respectivement 34 % et 34 % des seniors étaient vaccinés (OCDE 2009). Les variations observées peuvent s'expliquer par l'accessibilité aux vaccins (remboursement à 100 % pour la population âgée en France par exemple), et par la présence et l'intensité des campagnes nationales de sensibilisation.

L'accroissement de la couverture vaccinale se ralentit dans les pays européens et en France

En France, entre 2004 et 2007, le pourcentage de vaccination des seniors n'a pratiquement pas évolué (68 % de 2004 à 2006 et 69 % en 2007). Cette tendance est également observée dans plusieurs pays européens. Ainsi en Grande-Bretagne, un des pays où le pourcentage de vaccination des seniors est le plus élevé, il a augmenté de 65 % à 75,1 % entre 2000 et 2006, puis s'est abaissé en 2007 (73,5 %).

En France, la Sécurité sociale rembourse à 100 % les vaccins contre la grippe pour les 65 ans et plus. Cette politique sanitaire est répandue dans plusieurs autres pays européens et contribue à augmenter la couverture vaccinale des personnes âgées.

Les données relatives à la vaccination antigrippale des seniors proviennent de l'OCDE. L'alimentation de la base de données OCDE est variable selon les pays et les années. Pour la France, les données sont renseignées à partir de 1992 et les dernières données disponibles sont celles de 2007. Une grande variété dans les modes de recueil des données existe selon les pays de l'UE. Certains pays ont recours à des enquêtes nationales de population, d'autres s'appuient sur les chiffres que les laboratoires pharmaceutiques fournissent aux autorités de santé et quelques pays utilisent les données des réseaux sentinelles. Chaque méthode a ses limites : les enquêtes peuvent négliger certaines personnes, notamment les personnes les plus âgées et celles vivant en établissement ; les chiffres de laboratoires correspondent aux vaccins distribués et non aux vaccins effectivement administrés ; enfin les réseaux sentinelles ne prennent pas en compte les vaccins effectués par la médecine du travail et les autorités publiques, comme pour les données provenant des régimes de Sécurité sociale. Les données pour la France sont issues du Groupe d'étude et d'information sur la grippe (GEIG), dont les résultats sont publiés chaque année par l'institut Sofres santé. La méthodologie appliquée consiste en un questionnaire envoyé par la Poste à un échantillon représentatif d'individus de 15 ans et plus.

Afin d'améliorer la comparabilité entre les pays, les techniques de surveillance de la vaccination antigrippale des seniors devraient être uniformisées.

Il faut cependant noter que l'obtention des valeurs des indicateurs au niveau européen est laborieuse ; les données présentées dans ce rapport ne sont pas très récentes et elles sont incomplètes. Par exemple, elles ne permettent pas d'évaluer l'impact de la campagne de vaccination contre la grippe pandémique sur l'adhésion de la population à la vaccination. Cet impact a probablement été différent selon le pays. De même, la vaccination des adolescents et des jeunes adultes est un défi actuel qui ne pouvait pas être mesuré par les indicateurs sélectionnés. Mais ce rapport est un premier socle sur lequel les autorités sanitaires pourront s'appuyer pour améliorer progressivement le recueil et l'analyse des données de santé en Europe.

Références