Santé publique France sonne l'alerte face à une résurgence de la coqueluche et rappelle les mesures de prévention

mesvaccins.net

1. Données épidémiologiques

1.1. Données françaises

Les données de surveillance du réseau hospitalier de surveillance de la coqueluche surveillant depuis 2016 les nourrissons hospitalisés de moins de 12 mois (réseau RENACOQ) ont montré six pics épidémiques sur les dernières années: 1997, 2000, 2005, 2009, 2012-2013 et 2017-2018. Depuis le dernier pic de coqueluche (162 cas rapportés), le nombre de cas n’a cessé de diminuer pour atteindre 34 cas en 2020 et 4 cas en 2021. Les données du réseau Sentinelles (le réseau de recherche et de veille en soins de premier recours médecine générale et pédiatrie en France métropolitaine) rapportent 1 cas par an en population générale sur la même période.

Un rebond de la maladie pouvait être attendu en France en 2021-2022, mais le contexte exceptionnel et les mesures sanitaires mises en œuvre dans le cadre de l’épidémie de Covid-19 ont probablement réduit la transmission de la coqueluche. Le réseau RENACOQ rapportaient en 2022, 45 cas et en 2023, 39 cas (données non consolidées). Pour ce qui concerne les cas groupés en 2023, seuls 2 cas groupés ont été rapportés à Santé publique France entre octobre et décembre avec 18 cas de coqueluche en Ile-de- France: ils concernaient des cas groupés intrafamiliaux (13 cas), des clusters en collectivité (4 cas) et un dernier cas isolé sans lien dans l’entourage des clusters rapportés.

Au 1er trimestre 2024, une quinzaine de clusters majoritairement en collectivité (écoles maternelles, primaires, halte-garderies et maisons maternelles) mais aussi familiaux et totalisant 70 cas ont été signalés à Santé publique France (données non consolidées pour l’année 2024 en cours).

La multiplication du nombre de cas constatée en 2024 par rapport à 2023 et les remontées de cas groupés en nette augmentation indiquent une reprise de la circulation communautaire de la bactérie qui pourrait s’intensifier dans les prochains mois. La vigilance reste de mise, avec la nécessité de renforcer la sensibilisation de la population à cette maladie et ses modalités de prévention.

1.2. En Europe

L’Europe connaît actuellement une recrudescence de cas de coqueluche avec des épidémies importantes en Croatie, au Danemark ou au Royaume-Uni et des hausses significatives en Belgique, Espagne et Allemagne. Cependant, à ce jour, la situation française n’est pas comparable avec celle de nos voisins européens et d’Outre-Atlantique qui rapportent plusieurs centaines de cas par semaine depuis le dernier trimestre 2023.

2. Mesures de lutte contre la coqueluche

2.1. Conduite à tenir face à un ou plusieurs cas de coqueluche

Ces mesures ont pour objectif de limiter la diffusion de la coqueluche autour d'un cas.

  • Signaler les cas de coqueluche à l'Agence régionale de santé dans deux situations spécifiques : les infections nosocomiales et la survenue de cas groupés (à partir de 2 cas) qu’ils soient intrafamiliaux ou en collectivités.
  • Appliquer les recommandations relatives à la conduite à tenir autour d’un ou plusieurs cas de coqueluche vis-à-vis du malade et de son entourage, en particulier pour les personnes à risque [personnes souffrant d'une maladie respiratoire chronique (asthme, broncho-pneumopathies chroniques obstructives...), les personnes immunodéprimées, les femmes enceintes] et dans des collectivités à risque (maternités, crèches, établissements de santé, etc.) telles que l’éviction du malade et la mise en œuvre d’un traitement antibiotique pour les personnes malades, une antibioprophylaxie pour les sujets contacts non protégés par la vaccination ainsi qu'une mise à jour de la vaccination de la population exposée.
  • Faire confirmer biologiquement au minimum le 1er cas suspect de coqueluche et envoyer un prélèvement, isolat bactérien ou ADN extrait du prélèvement au CNR de la coqueluche pour confirmer notamment l’espèce.

2.2. La vaccination est seul moyen de protection contre la coqueluche

La politique vaccinale contre la coqueluche en France vise à réduire les formes sévères, les hospitalisations et les décès liés à la coqueluche qui surviennent essentiellement chez les nourrissons de moins de 6 mois. Elle repose sur trois stratégies complémentaires :

  • la primovaccination précoce des nourrissons à partir de l’âge de 2 mois, et l’administration de rappels itératifs à 6 ans, 11-13 ans et jusqu’à l’âge adulte (25 ans avec possibilité de rattrapage jusqu’à 39 ans) ;
  • la vaccination des femmes enceintes, recommandée dès le second trimestre de grossesse, en privilégiant la période entre 20 et 36 semaines d’aménorrhée ;
  • en l’absence de vaccination de la mère au cours de la grossesse, la vaccination de la mère en post-partum et des personnes susceptibles d’être en contact étroit avec le nourrisson durant ses 6 premiers mois de vie (stratégie dite du cocooning).

Par ailleurs, la vaccination est recommandée chez les personnes immunodéprimées, les professionnels de santé (y compris dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), les personnes travaillant en contact étroit et répété avec les nourrissons âgés de moins de 6 mois, les étudiants des filières médicales et paramédicales, les professionnels de la petite enfance dont les assistants maternels, les personnes effectuant régulièrement du baby-sitting.

Source : Santé Publique France

Pages associées