Contamination des élèves ou étudiants des professions de santé par le virus de l'hépatite B : qui est à risque ?

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1. Contexte juridique de l'obligation vaccinale pour les professionnels des filières médicales et paramédicales

L'article L3111-4 du code de la santé publique indique qu'une personne qui, dans un établissement ou organisme public ou privé de prévention de soins ou hébergeant des personnes âgées, exerce une activité professionnelle l'exposant à des risques de contamination doit être immunisée contre l'hépatite B, la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite.

L'article L3111-4indique également que ces obligations vaccinales s'appliquent aux étudiants ou élèves s'engageant dans des études médicales, pharmaceutiques ou paramédicales, dont la liste est précisée dans l'arrêté du 6 mars 2007.

Le Haut Conseil de la santé publique vient d'émettre un nouvel avisdont les objectifs sont de faire le point sur les risques de contamination par le virus de l'hépatite B des élèves ou** étudiants des filières médicales, pharmaceutiques et paramédicales**et de réviser la liste des étudiants concernés.

2. Pourquoi les élèves et étudiants des professions de santé sont-ils à risque d'hépatite B ?

  • Les médecins, les chirurgiens-dentistes, les sages-femmes, les infirmiers et les manipulateurs d'électroradiologie médicale sont des professionnels de santé amenés à réaliser des actes invasifs (actes chirurgicaux, injections, prélèvements…) ; ces professionnels peuvent donc être victimes d'accidents exposant au sang (AES) et d'une contamination par des virus présents dans le sang.
  • Les étudiants en pharmacie doivent réaliser des stages dans des services cliniques pendant leur cursus (5ème année) et sont susceptibles d'être exposés aux mêmes risques que les étudiants en médecine. Ils peuvent également réaliser des stages dans un département de biologie et être exposés aux mêmes risques d'AES (piqûre, projections) que les biologistes ou les techniciens en analyses biomédicales. Les pharmaciens d'officine, qui ont pour obligation de récupérer les collecteurs à objets piquants-tranchants des patients, encourent également un risque. Quant aux pharmaciens biologistes, ils seront exposés à des échantillons biologiques pouvant contenir des virus transmissibles par le sang.
  • Les aides-soignants et les auxiliaires de puériculture peuvent être exposés à des contacts cutanés avec du sang, être victimes de projection de sang ou de liquides biologiques contaminés par du sang ou être blessés par des aiguilles. Les aides-soignants représentaient ainsi 9,7 % de 17 927 AES notifiés dans le réseau national AES-RAISIN.
  • Les techniciens en analyses biomédicales peuvent être victimes d'AES par projection ou par coupure. Certains réalisent également les prélèvements. Ils sont alors exposés aux mêmes risques d'AES que les infirmiers.
  • Les masseurs-kinésithérapeutes sont à risque d'AES, essentiellement par contact cutanéo-muqueux. Dans une étude australienne, 56 % des kinésithérapeutes rapportaient ainsi au moins un AES sur les cinq dernières années. Bien que le risque d'AES soit plus faible que celui des professionnels réalisant des actes invasifs, il ne peut être considéré comme nul (ils représentent 0,1 % des AES en 2012).
  • Les pédicures podologues traitent les affections de la peau des pieds et peuvent être exposés au risque d'AES par contact ou projection. Ils peuvent utiliser des dispositifs vulnérants lors de la réalisation de soins, et sont alors exposés à un risque d'AES par coupure.
  • Chez les ambulanciers , le risque d'AES a été documenté dans les pays anglo-saxons. Bien que les ambulanciers en France soient moins susceptibles d'être exposés en première ligne, ils peuvent intervenir en cas d'urgence pour prodiguer les premiers secours et ils assurent l'entretien de leur véhicule et la désinfection du matériel. A ce titre, ils peuvent être exposés à un risque d'AES, principalement par contact mais également, bien que plus rarement, par piqûre ou blessure.

Au total, les étudiants des filières de formation menant à l'ensemble de ces professions sont exposés, durant leur cursus, aux mêmes risques que les professionnels, avec un niveau de risque probablement supérieur lié à leur inexpérience.

3. Les assistants dentaires : professionnels exposés au risque d'accident avec exposition au sang

Jusqu'à présent non inscrite dans la liste des professionnels de santé exposés à un risque d'exposition au sang, les assistants dentaires doivent y figurer.

La mission de l'assistant dentaire est d'effectuer les opérations de nettoyage et de stérilisation. Il est susceptible d'assurer la fonction d'aide-opératoire. Les assistants dentaires sont exposés au virus de l'hépatite B car ils manipulent des objets piquants ou tranchants après usage pour un patient. Dans une étude réalisée entre 1995 et 2001 aux Etats Unis, 75 % des accidents avec exposition au sang surviennent dans les cabinets dentaires.

4. Avis du Haut Conseil de la santé publique concernant la vaccination contre l'hépatite B des élèves et étudiants des professions de santé

En conclusion, l' ensemble des étudiants des filières médicale, pharmaceutique et paramédicale , incluant ceux de la filière dentaire, sont exposés au même niveau de risque professionnel vis-à-vis de l'hépatite B que les professionnels en exercice, voire davantage, compte tenu de leur moindre expérience dans les gestes techniques.

Le Haut Conseil de la santé publique recommande le maintien de l'obligation vaccinale contre l'hépatite B pour les étudiants ou élèves des filières suivantes :

  • professions médicales et pharmaceutiques : médecin, chirurgien-dentiste, pharmacien, sage-femme ;
  • autres professions de santé : infirmier, infirmier spécialisé, masseur-kinésithérapeute, pédicure podologue, manipulateur d'électroradiologie médicale, aide-soignant, auxiliaire de puériculture, ambulancier, technicien en analyses biomédicales.

Le Haut Conseil de la santé publique recommande en outre que cette obligation vaccinale s'applique également aux étudiants de la filière se préparant à la profession d'assistant dentaire.

Rappelons par ailleurs que l'arrêté daté du 2 août 2013 fixe de nouvelles conditions d'immunisation contre l'hépatite B, tandis qu'une instruction datée du 21 janvier 2014 décrit les modalités d'application de cet arrêté.

Le système expert de MesVaccins.net a été mis à jour avec ces nouvelles informations.

Références

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