Royaume Uni : chez les migrants, le dépistage de quatre infections (hépatites B et C, VIH, tuberculose) permet d'acélérer leur diagnostic et de limiter leur transmission
Le Lancet vient de publier les résultats d’une étude portant sur le dépistage « intégré » de la tuberculose, du VIH (test combiné Ac/Ag de 4e génération), de l’hépatite B (AgHBs) et de l’hépatite C (Ac avec test PCR de confirmation en cas de positivité), menée auprès d’une population de migrants âgés de 16 à 65 ans, arrivés depuis moins de 5 ans en provenance d'un pays où l'incidence de la tuberculose est ≥150/100 000 ou d'Afrique subsaharienne ou encore réfugiés/demandeurs d'asile, à Leicester l'une des villes les plus diversifiées sur le plan ethnique du Royaume Uni. Le dépistage de la tuberculose reposait sur un test de libération de l'interféron gamma (IGRA) (QuantiFERON) et ne concernait que la population âgée de 16 à 35 ans. La période d’étude allait du 1er janvier 2016 au 31 décembre 2019, mais les tests IGRA n’ont été pratiqués qu’à partir du 24 mai 2016.
Au total, 4004 patients ont été inclus dans l'analyse ; 74 % étaient âgés de 35 ans ou moins, et 53 % étaient des femmes. Les patients inclus étaient en majorité d'ethnies asiatiques (42 % d'Indiens, 3 % de Pakistanais, 2 % de Bangladais et 16 % d'autres Asiatiques), d'ethnies noires 9 %, d'ethnies blanches 5 % et d'ethnies mixtes ou autres 12 %.
Les taux de positivité était de 0,48 % pour le VIH, 3,34 % pour le VHB et 0,18 % pour le VHC, avec 19,38 % de tests IGRA positifs, indiquant une infection tuberculeuse active ou latente.
Les taux de positivité tendaient à être plus élevés dans les groupes d'âge plus élevés : la séroprévalence pour le VIH et le VHC dans le groupe des 46-55 ans était respectivement de 1,66 % et 1,07 %, et pour le VHB dans le groupe des 35-45 ans elle était de 4,83 %.
Concernant le test IGRA, les taux de positivité étaient élevés dans les deux groupes d'âge éligibles au dépistage : 15,2 % pour les 16-25 ans, 22,5 % pour les 26-35 ans.
Le taux de positivité des tests était plus élevé chez les hommes pour les quatre infections.
Il y avait une grande hétérogénéité de la séroprévalence par ethnie. La prévalence du VIH, du VHB et le taux de positivité des tests IGRA étaient élevés dans les populations noires originaires d’Afrique subsaharienne et d’autres régions dont les Caraïbes (VIH : 3,79% et 3,57%, VHB : 7,62% et 5,66%, IGRA : 35,00% et 22,22%, respectivement).
La prévalence du VHB était également particulièrement élevée chez les migrants bangladais et blancs (7,79% et 6,91%, respectivement) et chez les personnes métissées (6,25%).
Le taux de positivité des tests IGRA la plus bas était de 11% (populations non catégorisée), de 22,2% pour la population originaire d’Inde, 19,5% pour la population pakistanaise et 14,3% pour les migrants originaires du Bangladesh.
La grande majorité des malades nouvellement diagnostiqués a été prise en charge
Sur les 17 patients dont le test est positif pour l'infection par le VIH, 10 (59 %) avaient déjà été diagnostiqués et les autres ont été orientés vers une prise en charge.
Parmi les six patients testés positifs pour l'infection par le VHC, l'un d'entre eux avait déjà été diagnostiqué. Sur les cinq autres, un seul avait une charge virale détectable et a été traité.
Sur les 496 patients dont le test IGRA était positif, 437 (95%) se sont présentés à la consultation qui leur avait été proposée, parmi lesquels 31 (7%) ont été diagnostiqués avec une infection tuberculeuse active et 403 (92%) avec une infection tuberculeuse latente (ITL). Dix-sept (55%) des infections tuberculeuses actives et 397 (99%) des ITL ont été nouvellement diagnostiquées. Pour les ITL, 390 (98%) se sont vu proposer une chimioprophylaxie ; 366 (94%) ont commencé un traitement, dont 346 (95%) l'ont terminé.
Source : Lancet