L'Académie de médecine et les pédiatres recommandent de renforcer la vaccination contre la grippe et les infections à rotavirus

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L'Académie nationale de Médecine a publié le 13 mai 2020 un avis concernant la vaccination antigrippale dans le contexte de la pandémie de covid 19, celle-ci ayant éclipsé le sujet de la grippe saisonnière, pourtant responsable de plusieurs milliers de décès chaque année.

Pour la prochaine saison grippale, l'Organisation mondiale de la santé a anticipé la circulation de nouveaux virus de la grippe qui pourraient entrainer une épidémie importante, justifiant l'intégration dans les prochains vaccins destinés à l'Europe des antigènes de trois nouveaux virus (ci-dessous en gras), parmi les quatre virus représentés dans ces vaccins :

  • A(H1N1)pdm 09 : A/Guangdong-Maonan/SWL1536/2019 ;
  • A(H3N2) : A/Hong Kong/2671/2019 ;
  • B (lignée Victoria) : B/Washington/02/2019 ;
  • B (lignée Yamagata) : B/Phuket/3073/2013 (inchangé par rapport au vaccin 2019-2020).

Des explications sur la nomenclature des virus de la grippe sont disponibles ici.

Selon l'Académie nationale de médecine, les incertitudes sur la survenue d'une deuxième vague de l'épidémie de covid 19 et sur l'ampleur de la prochaine grippe saisonnière doivent faire envisager le scénario catastrophique dans lequel la conjonction des deux épidémies entraînerait un engorgement des services de réanimation et un nouveau pic de surmortalité, en particulier dans les maisons de retraite. Cette éventualité impose de compléter la couverture vaccinale contre la grippe, qui peine à dépasser les 50 %, mais aussi d'élargir cette protection à toute personne présentant des facteurs de risque d'évolution grave en cas d'infection par un virus grippal ou par le SARS-CoV-2. L'Académie nationale de médecine estime qu'il est donc urgent de mettre en oeuvre un renforcement du calendrier vaccinal lors du prochain lancement de la campagne de vaccination contre la grippe saisonnière, et dès maintenant pour les départements et les territoires d'Outre-mer de l'hémisphère Sud.

Plus particulièrement, l'Académie nationale de médecine recommande :

  1. d'initier une campagne d'information de grande ampleur « grippe et covid 19 » pour sensibiliser la population aux risques d'une co-épidémie ;
  2. d'associer la vaccination antigrippale et la vaccination antipneumococcique chez les personnes âgées de plus de 65 ans, en raison de la gravité des infections invasives à pneumocoque sur ce terrain ;
  3. de rendre obligatoire la vaccination antigrippale pour tous les soignants et les personnels sociaux en contact avec les personnes vulnérables , en particulier dans les maisons de retraite, les institutions, les hôpitaux et les crèches ;
  4. d'inscrire l'obligation pour les médecins de proposer la vaccination antigrippale à toutes les personnes consultantes.

Dans un autre avis publié le 22 juillet 2020, l'Académie nationale de médecine rappelle le poids important des gastro-entérites à rotavirus chez les nourrissons : 430 000 épisodes de gastroentérite aiguë, 181 000 consultations, 31 000 passages aux urgences, 14 000 hospitalisations et une dizaine de décès. La recommandation de vaccination des nourrissons contre les rotavirus avait été suspendue en 2015, principalement en raison de difficultés d'organisation de la prise en charge de cas d'invagination intestinale, effet indésirable connu mais exceptionnel de la vaccination anti-rotavirus. L'Académie regrette l'accès très inégalitaire à la vaccination contre le rotavirus, actuellement non remboursée parce que non recommandée. Elle souligne que cette vaccination, indiquée entre 2 et 6 mois, a fait la preuve de son efficacité et qu'elle permettrait d'alléger le fardeau pédiatrique des infections à rotavirus ; elle recommande de l'envisager dans la stratégie de lutte contre les infections à rotavirus afin de prévenir les effets délétères d'une épidémie concomitante avec une flambée de covid 19 durant la saison hivernale.

Ces avis ont été confortés récemment dans une lettre ouverte diffusée par sept sociétés savantes de pédiatrie. Les pédiatres estiment que la vaccination contre le rotavirus en période de pandémie de covid 19 permettrait d'une part d'alléger la charge de soins des structures sanitaires en diminuant de façon drastique les épisodes de gastro-entérites chez les petits nourrissons, et d'autre part de réduire la fréquence chez l'enfant des opportunités de suspecter une covid 19 et ses conséquences (tests PCR difficiles à mettre en oeuvre et mesures d'éviction personnelles et familiales). En effet, 15 à 30 % des enfants hospitalisés ou vus en consultation pour covid 19 ont des signes digestifs, dont la diarrhée, ce qui rend très difficile le diagnostic différentiel avec les gastro-entérites à rotavirus. Une étude récente vient de rapporter l'impact de 6 ans de vaccination contre le rotavirus en Allemagne : cette étude montre, comme dans de nombreux autres pays, une réduction considérable du nombre de consultations, de passages aux urgences et d'hospitalisations depuis l'implantation de cette vaccination, sans augmentation de l'incidence des invaginations intestinales. Quinze pays européens recommandent déjà ce vaccin en routine, dont 6 des 7 pays limitrophes de la France.

Sources : Académie nationale de médecine, Association française de pédiatrie ambulatoire, Association Clinique et Thérapeutique du Val de Marne (Société Française de Pédiatrie), Groupe de pathologie infectieuse pédiatrique (Société Française de Pédiatrie), Groupe de pédiatrie tropicale (Société Française de Pédiatrie), Groupe francophone de réanimation et d'urgences pédiatriques (Société Française de Pédiatrie), Groupe de pédiatrie générale (Société Française de Pédiatrie), Groupe francophone de gastroentérologie, hépatologie et nutrition pédiatrique (Société Française de Pédiatrie).

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