Documentation Méningocoque C

Méningocoque C

Le méningocoque _(Neisseria meningitidis)_est une__bactérie très fragile qui ne survit pas dans le milieu extérieur. Elle est entourée d'une capsule composée de sucres (polyoside). La capsule est un facteur de virulence important du méningocoque car elle lui permet de résister aux défenses immunitaires de l'être humain ; sa composition détermine le sérogroupe du méningocoque. Chaque sérogroupe est désigné par une lettre majuscule. Parmi les douze sérogroupes décrits, les méningocoques A, B, C, W, X et Y sont les plus souvent responsables d'infections graves.

Le méningocoque est une bactérie sujette à de fréquentes variations génétiques par transformation et recombinaison. Ces phénomènes génèrent de nouveaux variants antigéniques qui peuvent entraîner l'émergence de souches épidémiques.

Le polyoside capsulaire est utilisé comme antigène vaccinal pour les méningocoques A, C, W et Y (à noter que d'autres antigènes sont utilisés pour fabriquer le vaccin contre le méningocoque B).

Le méningocoque est exclusivement retrouvé chez l'homme, où il se développe au niveau de la gorge (rhinopharynx), qui est à la fois la porte d'entrée, le lieu de vie et la voie d'élimination de cette bactérie. Sa transmission est interhumaine par les sécrétions rhino-pharyngées lors de contacts proches. Plus rarement, le méningocoque est transmis lors de rapports sexuels. Les personnes qui hébergent le méningocoque au niveau de leur gorge sont appelées "porteurs du méningocoque". On estime que 5 à 10% de la population sont porteurs asymptomatiques de méningocoque. Le taux de portage varie avec l’âge. Une méta-analyse a permis d’estimer le taux en fonction de l’âge : il passait de 4,5% chez les enfants, à 23,7% chez les jeunes adultes âgés de 19 ans, et diminuait ensuite pour atteindre 7,8% chez les personnes âgées de 50 ans et plus. Si l’acquisition d’un méningocoque conduit le plus souvent à un portage asymptomatique, elle est rarement suivie d’une infection invasive à méningocoque. Celle-ci peut se produire notamment lors de l’acquisition de souche hyper-invasive. La réceptivité de l’hôte (immaturité immunitaire du petit nourrisson ou facteurs d’immunosuppression) et une infection virale récente des voies aériennes (grippe) jouent également un rôle majeur dans la survenue d’une infection invasive à méningocoque (IIM).

Les formes cliniques principales d'infections invasives sont :

  • Le diagnostic est facile lorsque l’on est en présence d’un syndrome infectieux avec fièvre à début brutal, céphalées, vomissements et photophobie. Le purpura, la raideur méningée et l’altération de la conscience apparaissent plus tardivement. Le diagnostic est plus difficile chez le nourrisson où seuls 32% des enfants de moins d'un an présentent une raideur de la nuque ; cette raideur de nuque est parfois remplacée par une hypotonie axiale. Les éléments cliniques évocateurs sont : le caractère grognon, les geignements, les troubles de la conscience, un comportement inhabituel ou un refus de l’alimentation. Chez le nourrisson le bombement de la fontanelle est associé à une forte probabilité de méningite.

  • Les septicémies qui ne sont pas obligatoirement associées à des méningites. Elles peuvent se compliquer de chocs septiques foudroyants et réaliser un tableau de Purpura fulminans (1/4 des IIM environ). Ce purpura se caractérise par la présence de taches qui s’étendent rapidement en taille et en nombre, avec au moins un élément nécrotique ou ecchymotique de plus de trois millimètres de diamètre associé à un syndrome infectieux sévère, non attribué à une autre étiologie. Il existe une altération de l'état général ainsi que des troubles digestifs (vomissements, douleurs abdominales et de la circulation périphérique). L’état de choc témoigne de l’extrême gravité de ce syndrome. Le purpura peut être précédé voire remplacé par une éruption d'allure maculopapuleuse. Certains signes précoces de sepsis sont fréquemment retrouvés: douleurs aux jambes, refus de marcher, troubles de la température et de la coloration des extrémités ou encore angoisse chez l’adolescent.

Même en cas de prise en charge précoce, ces infections peuvent conduire au décès ou laisser des séquelles importantes.

Des localisations extra-méningées plus rares doivent être connues et recherchées, comme les arthrites (septiques ou réactionnelles), endophtalmies, urétrites, péricardites, myocardites, tamponnade, épiglottes, pleurésies, pneumonies invasives confirmées par la découverte d’une bactériémie, formes abdominales (douleurs abdominales, nausées, vomissements, diarrhées voire tableau pseudo chirurgical).

Les IIM entraînent, dans 10 à 20% des cas, des séquelles définitives à type de nécrose cutanée (10%) avec ou sans amputation, de déficit du neuro-développement (7% des cas), de surdité (4% des cas), d’épilepsie, de troubles visuels.

La létalité est de 10 à 12% en France.

Lors de la survenue d'un cas d'IMM, on estime qu'il y a un risque de transmission pour les personnes ayant eu un contact rapproché (moins d'un mètre) et en face-à-face avec le cas, dans les dix jours ayant précédé la survenue de l'IMM.

L'infection invasive à méningocoque est une maladie à déclaration obligatoire.

Les recommandations vaccinales

Les vaccins utilisés contre les méningocoques A, C, W et Y sont fabriqués à partir des polyosides qui composent leur capsule.

Les premiers vaccins utilisés étaient des polyosides simples. Ces vaccins ne sont plus disponibles aujourd'hui en Europe, mais de nombreuses personnes ont des carnets de vaccination qui attestent de leur administration dans le passé. Il s'agit notamment des vaccins quadrivalents ACWYMencevax,Menomune ou duvaccin bivalent méningococcique A+C, Ces vaccins avaient plusieurs inconvénients : comme tous les vaccins utilisant des antigènes polyosidiques, et à l'inverse des vaccins protéiques (pour lesquels l'antigène est une protéine), ils ne sont pas efficaces avant l'âge de deux ans, il ne sont pas capables de supprimer le portage du méningocoque dans la gorge (à l'origine de la transmission de personne à personne) et la protection qu'ils confèrent est de courte durée (3 ans environ). De plus, ils n'induisent pas pas la production de lymphocytes B et T mémoires et ne sont donc pas capables d'avoir un effet rappel en cas de nouvelle injection vaccinale (la quantité d'anticorps n'augmente pas comme avec les vaccins protéiques).

Actuellement, les vaccins disponibles contre les méningocoques A, C, W ou Y sont tous aujourd'hui des vaccins polyosidiques conjugués. Cela signifie que le polyoside est lié (conjugué) à une protéine, conférant à l'ensemble les mêmes propriétés qu'un vaccin protéique : efficacité chez le jeune nourrisson, contre le portage du méningocoque, durée de protection plus longue qu'avec les vaccins polyosidiques, induction de lymphocytes mémoires B et T et d'un effet rappel en cas de d'administration d'une nouvelle dose vaccinale.

Il existe deux vaccins monovalents conjugués contre le sérogroupe C (Menjugate etNeisvac) et trois vaccins quadrivalents conjugués contre les sérogroupes A, C, W et Y (Menveo,Nimenrix,Menquadfi).

Les vaccins Menjugate et Neisvac sont utilisables dès l'âge de 2 mois. Le vaccin Menveo peut être utilisé dès l'âge de 2 ans, le vaccin Nimenrix peut être utilisé dès l'âge de six semaines, le vaccin Menquadfi à partir de 12 mois .

Il existe des recommandations générales (déterminées par l'âge ) et des recommandations particulières, parmi lesquelles on individualisera les recommandations professionnelles et pour les voyageurs.

Obligation vaccinale vis à vis du méningocoque C pour les enfants âgés de moins de 2 ans nés à partir du 1er janvier 2018.

Une loi en vigueur depuis le 1er janvier 2018 rend cette vaccination obligatoire avant l'âge de 18 mois. Elle est exigible pour l’entrée ou le maintien en collectivité à partir du 1er juin 2018 pour tout enfant né à partir du 1er janvier 2018.

Les recommandations générales

La vaccination contre le méningocoque de sérogroupe C est obligatoire chez les enfants nés à partir du 1er janvier 2018, dès l'âge de 5 mois avec une dose de vaccin méningococcique C (vaccin Neisvac) suivie d’une dose de rappel à l’âge de 12 mois (dans la mesure du possible avec le même vaccin).

La vaccination dès l'âge de 5 mois est une mesure transitoire décidée en 2017, du fait de l’absence d’immunité de groupe, elle-même due à une couverture vaccinale insuffisante chez les enfants, adolescents et adultes jeunes. Un intervalle minimum de six mois sera respecté entre l’administration des deux doses.

À partir de 1 an

La vaccination est recommandée pour toutes les personnes âgées de 12 mois à 24 ans révolus, n’ayant pas reçu de primovaccination antérieure, avec une dose unique de vaccin méningococcique C.

La dose administrée à l'âge de 12 mois peut être co-administrée avec le vaccin trivalent rougeole-oreillons-rubéole.

À partir de l’âge de 12 mois et jusqu’à l’âge de 24 ans révolus ,

Pour ceux n’ayant pas reçu de primovaccination antérieure, le schéma vaccinal comporte une dose unique de vaccin monovalent méningococcique C (rattrapage vaccinal).

Lorsqu'une protection étendue aux sérogroupes A, W et Y est nécessaire, la recommandation vaccinale contre les infections invasives à méningocoque C sera respectée si un vaccin méningococcique quadrivalent ACWY conjugué est utilisé.

L’obtention d’une immunité de groupe par la vaccination étendue aux enfants de plus de 12 mois, adolescents et adultes jeunes est un enjeu majeur de santé publique.

Les recommandations professionnelles

Une protection durable et étendue aux sérogroupes A, C,W et Y du méningocoque est souhaitable pourles personnels des laboratoires de recherche travaillant spécifiquement sur le méningocoque.

Les recommandations pour les voyageurs

1. Personnes se rendant dans une zone d’endémie dans des conditions à risque

C'est la vaccination vis à vis des méningocoques ACWY qui est recommandée chez ces voyageurs en particulier lors deséjour dans la "ceinture de la méningite" en Afrique subsaharienne : zones de savane et Sahel, d’Ouest en Est, du Sénégal à l’Éthiopie, au moment de la saison sèche, favorable à la transmission du méningocoque (habituellement hiver et printemps) ou dans toute autre zone où sévit une épidémie, dans des conditions de contact étroit et prolongé avec la population locale :

  • Vaccin tétravalent conjugué ACWY

Nimenrix :

  • à partir de l’âge de 6 semaines : deux doses espacées de deux mois et rappel à 12 mois.
  • à partir de l'âge de 12 mois : une dose unique.

Menquadfi : 1 dose à partir de 12 mois

Menveo : à partir de l'âge de 2 ans : une dose unique.

2. Personnes se rendant dans ces zones pour y exercer une activité dans le secteur de la santé ou auprès des réfugiés.

Utilisation du vaccin méningococcique ACWY conjugué.

3. Pèlerinage à La Mecque (Hadj et Umra)

Vaccination obligatoire avec un vaccin méningococcique conjugué ACWY, attestée par la délivrance de Certificat International de vaccination .La vaccination doit être réalisée au moins 10 jours avant le départ.

Le schéma vaccinal

1. Recommandations générales

Une primovaccination à l’âge de 5 mois pour tous les nourrissons, suivie d’un rappel à l’âge de 12 mois en utilisant le vaccin Neisvac® (intervalle minimal de 6 mois entre les 2 doses).

Rattrapage vaccinal pour tous les enfants à partir de 12 mois, adolescents et adultes jeunes jusqu’à l’âge de 24 ans révolus par un vaccin méningococcique C conjugué (Menjugate® ou Neisvac®) selon un schéma à une dose.

2. Recommandations particulières, autour d'un cas ou en situation spécifique : vaccination ACYW

  • Nourrissons âgés de 6 semaines à moins de 6 mois : deux doses de Nimenrix® en respectant un intervalle de 2 mois entre les deux doses. Une dose de rappel doit être administrée à l’âge de 12 mois en respectant un intervalle d’au moins 2 mois après la dernière vaccination par Nimenrix.
  • Chez les nourrissons à partir de 6 mois : une dose de Nimenrix® doit être administrée (respecter un délai de 1 mois entre la vaccination avec le Nimenrix®et le Neisvac®) pour la primovaccination. Une dose de rappel doit être administrée à l’âge de 12 mois en respectant un intervalle d’au moins 2 mois après la dernière vaccination par Nimenrix.
  • A partir de 12 mois : 1 dose unique de Nimenrix® ou de MenQuadfi® 37 (ou Menveo® après 2 ans) (respecter un délai de 1 mois entre la vaccination avec le Nimenrix® et le Neisvac® ou Menjugate®).

Chez les sujets âgés de 12 mois et plus précédemment vaccinés et présentant un risque continu d'exposition à une infection méningococcique, un rappel de vaccin tétravalent ACWY est recommandé tous les 5 ans.

Vaccination autour d’un cas d’infection invasive à méningocoque de sérogroupe A, C, W ou Y :

L’objectif de la vaccination post exposition est uniquement de procurer une protection rapide. Ainsi, dans les tranches d’âge pour lesquelles le schéma vaccinal avec un vaccin quadrivalent ACWY requiert plusieurs doses, seule la première dose sera administrée. Ainsi, avant l’âge de 12 mois, en l’absence de données d’interchangeabilité, la dose de vaccin quadrivalent ne sera pas prise en compte pour l’immunisation contre le méningocoque de sérogroupe C. En revanche, à partir de l’âge de 12 mois ou plus pour les personnes ayant reçu une primovaccination avec un vaccin contre le méningocoque de sérogroupe C, une dose de Nimenrix® ou de MenQuadfi® 38 peut être considérée comme une dose de rappel (conformément au RCP du produit). Les personnes âgées de 12 mois et plus n’ayant pas reçu de vaccination antérieure contre le méningocoque de sérogroupe C et recevant une dose de vaccin quadrivalent ACWY, sont considérées comme à jour pour la vaccination contre le sérogroupe C.

Pour les personnes immunodéprimées ou aspléniques : cf. rapport du HCSP du 7 novembre 2014.

Depuis avril 2022, dans le cadre d'extension de leurs compétences en termes d'administration vaccinale, les pharmaciens, les infirmiers sont habilités à vacciner sur prescription médicale les personnes de 16 ans et plus vis à vis des méningocoques A, C, W, Y.

Les données épidémiologiques

1. Dans le monde

En Afrique subsaharienne , des épidémies de grande ampleur surviennent régulièrement, notamment pendant la saison sèche (novembre-juin), dans une zone s’étendant du Sénégal à l’Ethiopie (« ceinture de la méningite » africaine) ou ceinture de Lapeyssonnie, du nom du médecin militaire qui l'a décrite et mis en oeuvre des méthodes de lutte contre la méningite à méningocoque. Le sérogroupe A a longtemps prédominé en Afrique. Les campagnes de vaccination entre 2010-2020 avec le vaccin méningocoque A MenAfrivac ont contribué à diminuer de manière importante les épidémies de méningites. Les méningocoques responsables plus fréquemment d'épidémies sont actuellement de sérogroupe C et W. Le sérogroupe W semble maintenant durablement implanté en Afrique, avec une importance variable selon la zone géographique

Dans les zones tempérées, la plupart des cas surviennent en hiver. Des flambées localisées se produisent dans des espaces clos bondés (dortoirs, casernes, etc.). Les sérogroupes B et C prédominent dans les Amériques et en Europe où ils sont à l’origine de cas sporadiques et de petites bouffées épidémiques. Les autres sérogroupes restent minoritaires dans le monde. Cependant, le sérogroupe Y s’est implanté de façon endémique en Amérique du Nord (Etats-Unis et Canada) et progresse dans plusieurs pays européens.

2. En France

En France, la majorité des cas d'infection invasive à méningocoque survient de manière sporadique (cas isolés).

Après 2 années de faible incidence, en lien avec les mesures mises en place avec la pandémie Covid-19, le nombre de cas d'infections invasives à méningocoques (IIM) repart à la hausse depuis octobre 2022 avec un pic précoce et élevé du nombre de cas d'IMM en décembre 2022.

En 2022, 84 cas d'infections invasives à méningocoque ont été déclarés en France, en grande majorité liées aux sérogroupes B (53% des cas), Y (23% des cas) et W (19% des cas), le séroupe C étant minoritaire (4% des cas).

En 2022, 10% des décès ont été rapportés parmi les cas d'infections invasives à méningocoque, soit une létalité équivalente à celle observée avant la pandémie.

On note également :

  • Une augmentation marquée des IMM Y et W en comparaison avec la période pré-pandémique COVID-19.

  • Une hétérogénéité dans l'âge des cas selon le sérogroupe, avec en particulier une part importante des IIM B et W chez les nourrissons, des IIM B et Y chez les 15-24 ans, et des IIM Y et W chez les 60 ans et plus.

  • Une hétérogénéité dans l’âge des cas selon le sérogroupe, avec en particulier une part importante des IIM B et W chez les nourrissons, des IIM B et Y chez les 15-24 ans, et des IIM Y et W chez les 60 ans et plus ;

  • L’émergence de souches à l’origine de phénomènes épidémiques et d’hyperendémie d’IIM B chez les jeunes adultes dans certaines régions ;

  • Une diversité clonale modifiée avec en particulier l’expansion des souches W du ST-9316 qui avaient été décrites dans les Hauts de France entre 2015 et 2018 ;

  • Une létalité plus élevée des IIM W par rapport aux autres sérogroupes, en partie liée à l’expansion des souches du ST-9316 ;

  • L’incidence très faible des IIM C avec l’installation probable d’une immunité de groupe liée à l’augmentation progressive de la couverture vaccinale chez les adolescents qui devra être maintenue dans le temps.

  • La recrudescence marquée des IIM pourrait s’expliquer par la reprise de la transmission des méningocoques dans une population avec une immunité diminuée compte-tenu d’une moindre exposition aux méningocoques pendant la période COVID-19, dans un contexte d’épidémies concomitantes d’infections virales respiratoires à la fin de l’année 2022.

  • La stratégie de vaccination contre les méningocoques sera prochainement réévaluée par la Haute Autorité de Santé (HAS) en s’appuyant sur l’évolution récente de l’épidémiologie des IIM.

  • ( Source : Infections invasives à méningocoque en France en 2022 - Bulletin Santé Publique France -16 octobre 2023)

Les données de couverture vaccinale

Le méningocoque _(Neisseria meningitidis)_est une__bactérie très fragile qui ne survit pas dans le milieu extérieur. Elle est entourée d'une capsule composée de sucres (polyoside). La capsule est un facteur de virulence important du méningocoque car elle lui permet de résister aux défenses immunitaires de l'être humain ; sa composition détermine le sérogroupe du méningocoque. Chaque sérogroupe est désigné par une lettre majuscule. Parmi les douze sérogroupes décrits, les méningocoques A, B, C, W, X et Y sont les plus souvent responsables d'infections graves.

Le méningocoque est une bactérie sujette à de fréquentes variations génétiques par transformation et recombinaison. Ces phénomènes génèrent de nouveaux variants antigéniques qui peuvent entraîner l'émergence de souches épidémiques.

Le polyoside capsulaire est utilisé comme antigène vaccinal pour les méningocoques A, C, W et Y (à noter que d'autres antigènes sont utilisés pour fabriquer le vaccin contre le méningocoque B).

Le méningocoque est exclusivement retrouvé chez l'homme, où il se développe au niveau de la gorge (rhinopharynx), qui est à la fois la porte d'entrée, le lieu de vie et la voie d'élimination de cette bactérie. Sa transmission est interhumaine par les sécrétions rhino-pharyngées lors de contacts proches. Plus rarement, le méningocoque est transmis lors de rapports sexuels. Les personnes qui hébergent le méningocoque au niveau de leur gorge sont appelées "porteurs du méningocoque". On estime que 5 à 10% de la population sont porteurs asymptomatiques de méningocoque. Le taux de portage varie avec l’âge. Une méta-analyse a permis d’estimer le taux en fonction de l’âge : il passait de 4,5% chez les enfants, à 23,7% chez les jeunes adultes âgés de 19 ans, et diminuait ensuite pour atteindre 7,8% chez les personnes âgées de 50 ans et plus. Si l’acquisition d’un méningocoque conduit le plus souvent à un portage asymptomatique, elle est rarement suivie d’une infection invasive à méningocoque. Celle-ci peut se produire notamment lors de l’acquisition de souche hyper-invasive. La réceptivité de l’hôte (immaturité immunitaire du petit nourrisson ou facteurs d’immunosuppression) et une infection virale récente des voies aériennes (grippe) jouent également un rôle majeur dans la survenue d’une infection invasive à méningocoque (IIM).

Les formes cliniques principales d'infections invasives sont :

  • Le diagnostic est facile lorsque l’on est en présence d’un syndrome infectieux avec fièvre à début brutal, céphalées, vomissements et photophobie. Le purpura, la raideur méningée et l’altération de la conscience apparaissent plus tardivement. Le diagnostic est plus difficile chez le nourrisson où seuls 32% des enfants de moins d'un an présentent une raideur de la nuque ; cette raideur de nuque est parfois remplacée par une hypotonie axiale. Les éléments cliniques évocateurs sont : le caractère grognon, les geignements, les troubles de la conscience, un comportement inhabituel ou un refus de l’alimentation. Chez le nourrisson le bombement de la fontanelle est associé à une forte probabilité de méningite.

  • Les septicémies qui ne sont pas obligatoirement associées à des méningites. Elles peuvent se compliquer de chocs septiques foudroyants et réaliser un tableau de Purpura fulminans (1/4 des IIM environ). Ce purpura se caractérise par la présence de taches qui s’étendent rapidement en taille et en nombre, avec au moins un élément nécrotique ou ecchymotique de plus de trois millimètres de diamètre associé à un syndrome infectieux sévère, non attribué à une autre étiologie. Il existe une altération de l'état général ainsi que des troubles digestifs (vomissements, douleurs abdominales et de la circulation périphérique). L’état de choc témoigne de l’extrême gravité de ce syndrome. Le purpura peut être précédé voire remplacé par une éruption d'allure maculopapuleuse. Certains signes précoces de sepsis sont fréquemment retrouvés: douleurs aux jambes, refus de marcher, troubles de la température et de la coloration des extrémités ou encore angoisse chez l’adolescent.

Même en cas de prise en charge précoce, ces infections peuvent conduire au décès ou laisser des séquelles importantes.

Des localisations extra-méningées plus rares doivent être connues et recherchées, comme les arthrites (septiques ou réactionnelles), endophtalmies, urétrites, péricardites, myocardites, tamponnade, épiglottes, pleurésies, pneumonies invasives confirmées par la découverte d’une bactériémie, formes abdominales (douleurs abdominales, nausées, vomissements, diarrhées voire tableau pseudo chirurgical).

Les IIM entraînent, dans 10 à 20% des cas, des séquelles définitives à type de nécrose cutanée (10%) avec ou sans amputation, de déficit du neuro-développement (7% des cas), de surdité (4% des cas), d’épilepsie, de troubles visuels.

La létalité est de 10 à 12% en France.

Lors de la survenue d'un cas d'IMM, on estime qu'il y a un risque de transmission pour les personnes ayant eu un contact rapproché (moins d'un mètre) et en face-à-face avec le cas, dans les dix jours ayant précédé la survenue de l'IMM.

L'infection invasive à méningocoque est une maladie à déclaration obligatoire.

Références

Vaccins contre cette maladie :