La maladie
Le méningocoque (Neisseria meningitidis) est une bactérie très fragile qui ne survit pas dans le milieu extérieur. Il est exclusivement retrouvé chez l'homme, où il se développe au niveau de la gorge (rhinopharynx), qui est à la fois la porte d'entrée, le lieu de vie et la voie d'élimination de cette bactérie. Les personnes qui hébergent le méningocoque au niveau de leur gorge sont appelées "porteurs du méningocoque".
Le méningocoque est entouré d'une capsule composée de sucres (polyoside). La capsule est un facteur de virulence important du méningocoque car elle lui permet de résister aux défenses immunitaires de l'être humain ; sa composition détermine le sérogroupe du méningocoque. Chaque sérogroupe est désigné par une lettre majuscule. Parmi les douze sérogroupes décrits, les méningocoques A, B, C, W, X et Y sont les plus souvent responsables d'infections graves.
Le polyoside capsulaire est utilisé comme antigène vaccinal pour les méningocoques A, C, W et Y (à noter que d'autres antigènes sont utilisés pour fabriquer le vaccin contre le méningocoque B).
Le méningocoque est transmis directement par voie aérienne d'un porteur à une autre personne par l'intermédiaire de gouttelettes de salive émises lors de la toux ou de la parole : celles-ci sont projetées à courte distance, et on estime que le risque de recevoir des méningocoques n'existe que pour des contacts proches (moins d'un mètre de distance). Dans les jours qui suivent son installation dans la gorge, le méningocoque peut traverser la muqueuse, atteindre la circulation sanguine puis entraîner une méningite (infection des membranes qui enveloppent le cerveau et la moelle épinière) ou une septicémie, dont l'évolution peut conduire au décès du malade. Le purpura fulminans est une complication redoutable de l'infection par le méningocoque, qui se traduit par des plaques hémorragiques cutanées et un choc septique foudroyant mortel une fois sur quatre.
Plus rarement, le méningocoque est transmis lors de rapports sexuels.
L'infection invasive à méningocoque C est une maladie à déclaration obligatoire.
Les recommandations vaccinales
Les vaccins utilisés contre les méningocoques A, C, W et Y sont fabriqués à partir des polyosides qui composent leur capsule.
Les premiers vaccins utilisés étaient des polyosides simples. Ces vaccins ne sont plus disponibles aujourd'hui en Europe, mais de nombreuses personnes ont des carnets de vaccination qui attestent de leur administration dans le passé. Il s'agit notamment des vaccins quadrivalents ACWY Mencevax, Menomune ou du vaccin bivalent méningococcique A+C, Ces vaccins avaient plusieurs inconvénients : comme tous les vaccins utilisant des antigènes polyosidiques, et à l'inverse des vaccins protéiques (pour lesquels l'antigène est une protéine), ils ne sont pas efficaces avant l'âge de deux ans, il ne sont pas capables de supprimer le portage du méningocoque dans la gorge (à l'origine de la transmission de personne à personne) et la protection qu'ils confèrent est de courte durée (3 ans environ). De plus, ils n'induisent pas pas la production de lymphocytes B et T mémoires et ne sont donc pas capables d'avoir un effet rappel en cas de nouvelle injection vaccinale (la quantité d'anticorps n'augmente pas comme avec les vaccins protéiques).
Actuellement, les vaccins disponibles contre les méningocoques A, C, W ou Y sont tous aujourd'hui des vaccins polyosidiques conjugués. Cela signifie que le polyoside est lié (conjugué) à une protéine, conférant à l'ensemble les mêmes propriétés qu'un vaccin protéique : efficacité chez le jeune nourrisson, contre le portage du méningocoque, durée de protection plus longue qu'avec les vaccins polyosidiques, induction de lymphocytes mémoires B et T et d'un effet rappel en cas de d'administration d'une nouvelle dose vaccinale.
Il existe deux vaccins monovalents conjugués contre le sérogroupe C (Menjugate et Neisvac) et trois vaccins quadrivalents conjugués contre les sérogroupes A, C, W et Y (Menveo, Nimenrix, Menquadfi).
Les vaccins Menjugate et Neisvac sont utilisables dès l'âge de 2 mois. Le vaccin Menveo peut être utilisé dès l'âge de 2 ans, le vaccin Nimenrix peut être utilisé dès l'âge de six semaines, le vaccin Menquadfi à partir de 12 mois .
Il existe des recommandations générales (déterminées par l'âge ) et des recommandations particulières, parmi lesquelles on individualisera les recommandations professionnelles et pour les voyageurs.
Obligation vaccinale vis à vis du méningocoque C pour les enfants âgés de moins de 2 ans nés à partir du 1er janvier 2018.
Une loi en vigueur depuis le 1er janvier 2018 rend cette vaccination obligatoire avant l'âge de 18 mois. Elle est exigible pour l’entrée ou le maintien en collectivité à partir du 1er juin 2018 pour tout enfant né à partir du 1er janvier 2018.
Les recommandations générales
La vaccination contre le méningocoque de sérogroupe C est obligatoire chez les enfants nés à partir du 1er janvier 2018, dès l'âge de 5 mois avec une dose de vaccin méningococcique C (vaccin Neisvac) suivie d’une dose de rappel à l’âge de 12 mois (dans la mesure du possible avec le même vaccin).
La vaccination dès l'âge de 5 mois est une mesure transitoire décidée en 2017, du fait de l’absence d’immunité de groupe, elle-même due à une couverture vaccinale insuffisante chez les enfants, adolescents et adultes jeunes. Un intervalle minimum de six mois sera respecté entre l’administration des deux doses.
La dose administrée à l'âge de 12 mois peut être co-administrée avec le vaccin trivalent rougeole-oreillons-rubéole.
À partir de l’âge de 12 mois et jusqu’à l’âge de 24 ans révolus, pour ceux n’ayant pas reçu de primovaccination antérieure, le schéma vaccinal comporte une dose unique de vaccin monovalent méningococcique C (rattrapage vaccinal).
Lorsqu'une protection étendue aux sérogroupes A, W et Y est nécessaire, la recommandation vaccinale contre les infections invasives à méningocoque C sera respectée si un vaccin méningococcique quadrivalent ACWY conjugué est utilisé.
L’obtention d’une immunité de groupe par la vaccination étendue aux enfants de plus de 12 mois, adolescents et adultes jeunes est un enjeu majeur de santé publique.
Les recommandations particulières
1. Personnes présentant une réceptivité accrue aux infections invasives à méningocoque
Dans ce cas, la prévention n'est pas restreinte au méningocoque de sérogroupe C. Les personnes qui présentent l'un des facteurs de risque suivants doivent bénéficier d’une protection durable contre les sérogroupes A, C, W et Y du méningocoque avec un vaccin quadrivalent conjugué :
- L'administration d'une dose de rappel utilisant un vaccin tétravalent ACWY conjugué (Nimenrix, Menquadfi ou Menveo) est recommandée tous les cinq ans chez les personnes à risque élevé et durable d'infection invasive à méningocoque, dont la liste est précisée ci-dessus.
2. Personnes au contact d'un cas d’infection invasive à méningocoque de sérogroupe A, C, W ou Y
Vaccination au plus tard dans les 10 jours qui suivent l'exposition au méningocoque. Des précisions sur les schémas vaccinaux à utiliser sont données dans l'instruction.
Devant la survenue de cas groupés, des mesures spécifiques peuvent être mises en œuvre.
Les recommandations professionnelles
Une protection durable et étendue aux sérogroupes A, C,W et Y du méningocoque est souhaitable pour les personnels des laboratoires de recherche travaillant spécifiquement sur le méningocoque.
Les recommandations pour les voyageurs
1. Personnes se rendant dans une zone d’endémie dans des conditions à risque
C'est la vaccination vis à vis des méningocoques ACWY qui est recommandée chez ces voyageurs en particulier lors deséjour dans la "ceinture de la méningite" en Afrique subsaharienne : zones de savane et Sahel, d’Ouest en Est, du Sénégal à l’Éthiopie, au moment de la saison sèche, favorable à la transmission du méningocoque (habituellement hiver et printemps) ou dans toute autre zone où sévit une épidémie, dans des conditions de contact étroit et prolongé avec la population locale :
- Vaccin tétravalent conjugué ACWY
Nimenrix :
- à partir de l’âge de 6 semaines : deux doses espacées de deux mois et rappel à 12 mois.
- à partir de l'âge de 12 mois : une dose unique.
Menquadfi : 1 dose à partir de 12 mois
Menveo : à partir de l'âge de 2 ans : une dose unique.
2. Personnes se rendant dans ces zones pour y exercer une activité dans le secteur de la santé ou auprès des réfugiés.
Utilisation du vaccin méningococcique ACWY conjugué.
3. Pèlerinage à La Mecque (Hadj et Umra)
Vaccination obligatoire avec un vaccin méningococcique conjugué ACWY, attestée par la délivrance de Certificat International de vaccination . La vaccination doit être réalisée au moins 10 jours avant le départ.
Le schéma vaccinal
1. Vaccin monovalent conjugué contre le méningocoque C
- Nourrissons âgés de 2 à 3 mois révolus :
- Menjugate et Neisvac : deux doses à au moins deux mois d’intervalle et un rappel au cours de la deuxième année de vie. - Nourrissons âgés de 4 à 11 mois révolus :
- Menjugate : deux doses à au moins deux mois d’intervalle et un rappel au cours de la deuxième année de vie ;
- Neisvac : une dose et un rappel au cours de la deuxième année de vie. - Enfants à partir de l’âge de un an, adolescents et adultes : une dose unique.
2. Vaccin tétravalent conjugué ACWY
- Nimenrix
- à partir de l’âge de 6 semaines : deux doses espacées de deux mois et rappel à 12 mois ;
- à partir de l'âge de 12 mois : une dose unique. - Menquadfi : à partir de 12 mois ; une dose unique
- Menveo : à partir de l'âge de 2 ans : une dose unique.
Pour les personnes immunodéprimées ou aspléniques : cf. rapport du HCSP du 7 novembre 2014.
Depuis avril 2022, dans le cadre d'extension de leurs compétences en termes d'administration vaccinale, les pharmaciens, les infirmiers sont habilités à vacciner sur prescription médicale les personnes de 16 ans et plus vis à vis des méningocoques A, C, W, Y.
Les données épidémiologiques
1. Dans le monde
En Afrique subsaharienne, des épidémies de grande ampleur surviennent régulièrement, notamment pendant la saison sèche (novembre-juin), dans une zone s’étendant du Sénégal à l’Ethiopie (« ceinture de la méningite » africaine) ou ceinture de Lapeyssonnie, du nom du médecin militaire qui l'a décrite et mis en oeuvre des méthodes de lutte contre la méningite à méningocoque. Le sérogroupe A a longtemps prédominé en Afrique. Les campagnes de vaccination entre 2010-2020 avec le vaccin méningocoque A MenAfrivac ont contribué à diminuer de manière importante les épidémies de méningites. Les méningocoques responsables plus fréquemment d'épidémies sont actuellement de sérogroupe C et W. Le sérogroupe W semble maintenant durablement implanté en Afrique, avec une importance variable selon la zone géographique
Dans les zones tempérées, la plupart des cas surviennent en hiver. Des flambées localisées se produisent dans des espaces clos bondés (dortoirs, casernes, etc.). Les sérogroupes B et C prédominent dans les Amériques et en Europe où ils sont à l’origine de cas sporadiques et de petites bouffées épidémiques. Les autres sérogroupes restent minoritaires dans le monde. Cependant, le sérogroupe Y s’est implanté de façon endémique en Amérique du Nord (Etats-Unis et Canada) et progresse dans plusieurs pays européens.
2. En France
En France, la majorité des cas d'infection invasive à méningocoque survient de manière sporadique (cas isolés).
Après 2 années de faible incidence, en lien avec les mesures mises en place avec la pandémie Covid-19, le nombre de cas d'infections invasives à méningocoques (IIM) repart à la hausse depuis octobre 2022.
Quatre sérogroupes sont majoritaires en France: B (40-50%), C (20-30%), W (10-15%) et Y (10-15%).
En 2022, 84 cas d'infections invasives à méningocoque ont été déclarés en France, en grande majorité liées aux sérogroupes B (53% des cas), Y (23% des cas) et W (19% des cas), tandis que le sérogroupe C était très minoritaire (4% des cas).
En 2022, 10% des décès ont été rapportés parmi les cas d'infections invasives à méningocoque, soit une létalité équivalente à celle observée avant la pandémie.
Les données de couverture vaccinale
La couverture vaccinale est en régulière progression, bien qu'insuffisante chez les 15-24 ans.
Au 31/12/2022, 92% des enfants de 2' mois étaient vaccinés contre le méningocoque C (vaccination obligatoire).
Parmi la classe d'âge des 20-24 ans, 29% sont à jour.