La confiance des médecins dans la vaccination, point clef pour l'application des recommandations vaccinales

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Ces dernières années, un accroissement préoccupant d'opinions défavorables à la vaccination a été constaté dans la population générale en France. Plusieurs controverses ont eu lieu depuis la fin des années 1990 :

  • maladies neurodégénératives et vaccination contre l'hépatite B,
  • remise en cause de la vaccination contre la grippe pandémique A(H1N1)pdm09,
  • plaintes pénales à propos d'événements indésirables attribués à la vaccination contre les papillomavirus,
  • mise en cause de l'aluminium présent dans certains vaccins.

Les médecins généralistes jouent un rôle pivot dans la vaccination de la population. Une enquête a été réalisée sur leur perception de la vaccination : elle montre les éléments suivants.

  • La très grande majorité (97 %) des médecins généralistes sont favorables à la vaccination en général (80 % y sont très favorables et 17 % plutôt favorables).
  • Les médecins font plutôt confiance aux sources officielles, comme le ministère de la santé (80 %) ou les agences sanitaires (90 %), pour leur fournir des informations fiables sur les bénéfices et les risques des vaccins.
  • Ils font bien moins confiance à d'autres sources, notamment les médias : 6 % des médecins déclarent leur faire confiance.

Mais parmi les médecins faisant confiance aux sources officielles, 53 % estiment que ces sources sont influencées par l'industrie pharmaceutique et 29 % préfèrent se fier à leur propre jugement plutôt qu'aux recommandations officielles. La relativisation de cette confiance pourrait être liée aux controverses survenues lors de la gestion sanitaire de la pandémie A(H1N1)pdm09, mais aussi aux récentes crises sanitaires mettant en cause certains médicaments (Médiator®).

Les médecins n'ont pas toujours confiance en eux pour informer leurs patients sur les vaccins : si 96 % se considèrent « plutôt » ou « tout à fait » à l'aise pour donner des explications sur l'intérêt des vaccins et 81 % sur leur sécurité, seuls 43 % se sentent à l'aise pour expliquer le rôle des adjuvants à leurs patients.

Certains médecins expriment des doutes à l'égard des risques et de l'utilité des vaccins.

Trois profils de médecins peuvent être distingués.

  • Un groupe majoritaire (76 %) de médecins globalement plus à l'aise pour donner des explications et faisant plus souvent confiance aux sources officielles d'information. Il s'agit surtout d'hommes ; ils sont en moyenne plus jeunes et ont eu plus souvent accès à une formation médicale continue au cours des douze derniers mois.
  • Un groupe considéré comme « modérément confiant » (16 %). Ils accréditent un peu plus souvent l'idée selon laquelle différents vaccins ou composants peuvent être responsables de pathologies graves, émettent davantage de doutes quant à l'utilité des vaccins en général, et se sentent un peu moins souvent à l'aise pour donner des explications sur les bénéfices et les risques des vaccins. Surtout, ils font moins confiance aux différentes sources d'informations. Ces médecins sont en majorité des hommes, souvent âgés de plus de 50 ans.
  • Un groupe minoritaire (8 %), « peu confiant » à l'égard de la vaccination. Ils estiment qu'il est « plutôt », voire « tout à fait » probable que les vaccins proposés puissent entraîner certains risques graves et remettent en cause leur utilité. Ils sont beaucoup moins souvent à l'aise que les autres pour donner des explications à leurs patients sur les risques des vaccins et font bien moins souvent confiance aux différentes sources d'informations. Ces médecins sont plus âgés, sont plus souvent des femmes et ont un plus faible volume d'activité que la moyenne. Exerçant plus fréquemment seuls, ils pratiquent davantage les médecines douces et ont été plus souvent confrontés que leurs confrères à une maladie grave, parmi celles ayant provoqué des polémiques sur la vaccination.

Près d'un quart des médecins sont hésitants, voire très critiques, à l'égard des vaccins. Cela est préoccupant, vu leur rôle pivot dans la vaccination de la population. Leur hésitation à vacciner pourrait renforcer celle des patients et contribuer à l'insuffisance des couvertures vaccinales pour les situations étudiées ici, en particulier celles sujettes à controverse.

Pourtant, la plupart des médecins respectent les recommandations vaccinales pour eux-mêmes...

La majorité ont déclaré respecter les vaccinations pour eux-mêmes contre la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite (dTP) et l'hépatite B. Concernant la vaccination contre la grippe saisonnière, recommandée aux professionnels de santé, 72 % des médecins ont déclaré être vaccinés en 2012-2013.

Cependant, leurs pratiques vaccinales sont plus hétérogènes.

Les recommandations vaccinales sont moins bien appliquées lorsque les médecins expriment des doutes.

Parmi les médecins interrogés, près de huit sur dix plébiscitent des outils de communication et d'information visant in fine leurs patients : argumentaires sur les bénéfices et les risques des vaccins, livrets d'information à destination des patients, campagnes d'information grand public.

Les trois quarts d'entre eux estiment par ailleurs que l'intégration d'un carnet de vaccination électronique à leur logiciel professionnel serait utile pour leur pratique. En revanche, moins d'un tiers considèrent utile une cotation spécifique pour une consultation dédiée à la vaccination.

Les médecins critiques vis-à-vis de la vaccination ont des opinions moins souvent favorables sur l'ensemble des outils proposés.

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