Le vaccin "COVID-19 Vaccine AstraZeneca" peut être utilisé à tout âge chez les adultes

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Les informations contenues dans cet article ont évolué depuis sa publication. Pour des informations actualisées, vous pouvez consulter cetarticle du 19 mars 2021ou cetarticle du 23 mars 2021.

Le vaccin mis au point par l'université d'Oxford et produit par AstraZeneca (COVID-19 Vaccine AstraZeneca, parfois désigné sous les dénominations "ChAdOx1 nCoV-19" ou "AZD1222") a obtenu l'autorisation de mise sur le marché de l'Agence européenne des médicaments (EMA) le 29 janvier 2021. Il devient ainsi le troisième vaccin anti-covid utilisable dans les pays de l'Union européenne, après ceux de Pfizer (Comirnaty) et de Moderna (COVID-19 Vaccine Moderna). Au Royaume-Uni, une autorisation d'utilisation en urgence avait été délivrée dès le 30 décembre 2020, à partir de données intermédiaires des essais en cours.

Le vaccin d'AstraZeneca présente une stabilité qui constitue un avantage important : il peut être conservé à température positive, entre 2 et 8 °C, pendant 6 mois, ce qui autorise une distribution par un réseau classique jusque dans les pharmacies et cabinets médicaux.

Ce vaccin a déjà fait l'objet de plusieurs actualités sur notre site (23 novembre, 27 novembre, 13 décembre et 31 janvier). C'est un vaccin vectorisé, qui utilise un adénovirus du Chimpanzé rendu incapable de se répliquer pour introduire dans les cellules le gène codant la protéine S du SARS-CoV-2. Le choix d'un virus simien a pour but d'éviter que des anticorps que les personnes à vacciner pourraient avoir développés contre des adénovirus humains nuisent à l'efficacité du vaccin. Plusieurs questions ont été posées toutefois concernant son efficacité et sa sécurité. On dispose désormais d'un recul de plusieurs mois et de données obtenues durant les différents essais et sur les premières utilisations dans le "monde réel", au Royaume-Uni.

L'efficacité

  • L'efficacité du vaccin d'AstraZeneca atteint 82 % après deux doses administrées à 12 semaines d'intervalle : l'efficacité vaccinale contre les formes symptomatiques d'infection par le SARS-CoV-2 a tout d'abord été évaluée globalement à 62 % avec deux doses de vaccin administrées à 6 semaines d'intervalle (1). Mais une étude plus récente, qui analyse les données de 4 essais toujours en cours dans trois pays, montre que cette efficacité qui s'établit à 54,9 % dans certains groupes ayant reçu les deux doses à moins de 6 semaines d'intervalle, atteint 82,4 % si l'intervalle est allongé à 12 semaines (2). L'espacement des deux doses se traduit également par une augmentation significative des concentrations d'anticorps produits, et particulièrement des anticorps neutralisants, sur lesquels repose pour partie la protection.
  • L'efficacité vaccinale contre les formes les plus graves de la covid 19 est proche de 100 % : dans la même étude, il est montré que 22 jours après l'administration de la première dose de vaccin ou de placébo (ou vaccin comparateur), tous les cas de covid 19 ayant nécessité une hospitalisation appartiennent au groupe placébo.
  • Une bonne protection est obtenue dès la première dose : 22 jours après l'administration de la première dose de vaccin, l'efficacité de protection contre les formes symptomatiques de covid 19 est de 76 %, et elle se maintient au moins 90 jours. Une dose unique de vaccin COVID-19 Vaccine AstraZeneca pourrait donc s'avérer suffisante, elle semble en tout cas en mesure de protéger efficacement les personnes dont la seconde injection est retardée. Toutefois, en l'absence de recul suffisant pour déterminer la durée de la protection, l'administration de la seconde dose, qui s'accompagne d'une augmentation significative des concentrations d'anticorps neutralisants, reste pour l'heure recommandée.
    Une efficacité du même ordre de grandeur après une dose unique a déjà été rapportée pour le vaccin Ad26.COV2.S de Janssen, qui utilise lui aussi un vecteur adénovirus, mais d'origine humaine (actualité du 30 janvier).
  • Une protection contre la transmission du virus peut être attendue : bien que les études disponibles n'aient pas été conçues dans ce but, elle ont permis de montrer que le vaccin réduisait de 67 % (après une dose) et de 49,5 % (après deux doses) la proportion de RT-PCR positives parmi les personnes infectées testées, symptomatiques ou non. Le vaccin d'AstraZeneca pourrait donc réduire le nombre de porteurs du SARS-CoV-2 dans la population et avoir un effet significatif sur sa transmission, mais une confirmation doit encore être apportée.
  • La dose réduite qui avait paru procurer une meilleure efficacité dans un premier essai ne sera pas recommandée : de premières données d'efficacité communiquées par AstraZeneca semblaient indiquer une meilleure protection chez les personnes vaccinées avec une demi-dose de vaccin lors de la première injection (actualités des 23 novembre et 27 novembre). Dans leur nouvelle analyse, les auteurs considèrent que cette efficacité supérieure serait en grande partie à mettre sur le compte d'un intervalle supérieur entre les deux doses de vaccin dans le groupe des volontaires qui ont reçu une première dose réduite. Comme, par ailleurs, un dosage unique est plus facile à produire et à utiliser, et que la plupart des données ont été obtenues avec le dosage standard, seul celui-ci reste recommandé.
  • Le vaccin d'AstraZeneca est efficace contre le variant anglais du SARS-CoV-2, 501Y.V1 : une étude a été menée au Royaume-Uni entre le 1er octobre 2020 et le 14 janvier 2021, sur des volontaires qui ont reçu soit le vaccin d'AstraZeneca, soit un vaccin anti-méningococcique. Elle a montré que l'efficacité du vaccin d'AstraZeneca était de niveau comparable, que les personnes soient infectées par le variant anglais du virus, 501Y.V1, ou par les souches antérieures (3). Il a été observé en outre que les charges virales et la durée de portage du virus étaient réduites chez les personnes ayant reçu le vaccin d'AstraZeneca.
  • L'efficacité contre le variant sud-africain 501Y.V2 reste par contre à établir : une étude menée chez des sujets jeunes en Afrique du Sud a révélé une efficacité globale de 22 % seulement (10 % contre le variant sud-africain), mais contre toutes les formes de la maladie, majoritairement bénignes (4). L'efficacité contre les formes graves, exceptionnelles dans ce groupe d'âge, reste à déterminer. En l'état, le vaccin d'AstraZeneca ne sera donc pas recommandé dans les régions où le variant sud-africain a commencé à circuler.
  • Un effet protecteur de la première dose de vaccin contre les hospitalisations est observé dans 94 % des cas en conditions réelles : l'étude menée en Ecosse n'est pas encore évaluée et publiée, mais elle présente des observations intéressantes car réalisées sur un effectif important (5). Elle a porté sur les données recueillies par un système de surveillance dédié à la covid 19 (Early Pandemic Evaluation and Enhanced Surveillance of COVID-19) qui comporte un suivi des vaccinations, des tests de RT-PCR, des hospitalisations et des déclarations de décès concernant 5,4 millions de personnes, soit 99 % de la population écossaise. L'analyse de l'effet d'une première dose a été rendue possible par la décision des autorités britanniques de fixer à 12 semaines l'intervalle entre les deux doses des vaccins Comirnaty (Pfizer-BioNTech) et COVID-19 Vaccine AstraZeneca qui sont utilisés. Elle met en évidence un "effet vaccinal" ("vaccine effect"), mesuré par la réduction du nombre d'hospitalisations pour covid 19, qui se manifeste à partir du 7ème jour après vaccination pour culminer entre le 28ème et le 34ème jour. Cet effet est de 94 % pour le vaccin COVID-19 Vaccine AstraZeneca et de 85 % pour le vaccin Comirnaty et, de façon remarquable, il se maintient à un niveau comparable dans le groupe des personnes âgées de plus de 80 ans.

La sécurité

Le profil de sécurité du vaccin COVID-19 Vaccine AstraZeneca établi pendant les essais cliniques est comparable à celui d'autres vaccins : les effets indésirables rapportés ont été essentiellement modérés et locaux, résolutifs, mais plus fréquents et marqués parmi les personnes les plus jeunes.

La "plateforme" adénovirus du Singe est déjà utilisée pour un vaccin contre Ebola (Zabdeno) et pour plusieurs candidats vaccins en cours d'essai clinique contre la grippe, le VIH, l'hépatite C, le paludisme, la tuberculose et le cancer de la prostate. Si l'efficacité est très variable selon la maladie concernée, on dispose, avec un recul de plusieurs mois sur l'ensemble de ces utilisations, de données de sécurité rassurantes.

Les effets à court terme

Le début de l'utilisation en France a été marqué par le signalement de plusieurs centaines de cas de "syndromes grippaux de forte intensité" (fièvre élevée, courbatures, céphalées), sans mise en jeu du pronostic vital, mais avec incapacité temporaire. Des manifestations cardiovasculaires ont également été observées, associées ou non au syndrome grippal : tachycardie, hypertension. Ces effets ont concerné principalement des personnels soignants plutôt jeunes et de sexe féminin (6), et ont conduit à l'interruption de la vaccination dans certains centres hospitaliers où l'absentéisme devenait important.

Globalement, les événements indésirables classés comme graves depuis la mise en service du vaccin, au nombre de 650 (dont 95 % de syndromes grippaux), représentent un tiers de tous les événements rapportés au 18 février 2021, soit 2 024. Dans 72,5 % des cas, ils sont survenus dans les 24 premières heures. Bien qu'attendus et résolutifs, ces effets rapportés à la stimulation immunitaire provoquée par le vaccin, plus intense chez les sujets jeunes, ont surpris par leur ampleur et ont été mal acceptés par une population active. Il est à remarquer qu'il n'existe pas de corrélation établie entre l'intensité de ces effets post-vaccinaux et l'efficacité de la vaccination.

La prise de paracétamol suffit dans la majorité des cas à atténuer les effets observés chez les sujets jeunes, elle doit être systématiquement proposée.

Faut-il craindre des effets à plus long terme ?

La plupart des effets indésirables des vaccins se produisent dans les tout premiers jours qui suivent la vaccination. Certains effets, comme ceux qui mettent en jeu des phénomènes auto-immuns, peuvent se manifester au bout de quelques semaines ou mois. Avec le recul dont on dispose aujourd'hui, il semble que ces effets soient exceptionnels avec les vaccins anti-covid 19. Comme avec tout produit actif, d'autres effets rares et retardés pourraient ne devenir détectables qu'avec l'utilisation à grande échelle qui a débuté et un recul de plusieurs années. Les vaccins feront l'objet d'une surveillance post-commercialisation de longue durée à la recherche de ces effets, qui n'auraient pas été détectés lors des essais.

Evolution des recommandations vaccinales en France

Dans un premier temps (avis du 2 février 2021), la Haute Autorité de santé (HAS) a recommandé le vaccin d'AstraZeneca aux personnes âgées de moins de 65 ans, en raison de l'insuffisance des données d'efficacité obtenues chez les personnes âgées lors des essais cliniques (7). La prise en compte des nouvelles données écossaises d'efficacité en vie réelle justifie la recommandation de la HAS (avis du 1er mars 2021) d'utiliser le vaccin d'AstraZeneca chez les adultes sans limite d'âge, selon un schéma de vaccination à deux doses espacées de 12 semaines (au lieu de 9 à 12 semaines auparavant) (8). Suivant cet avis, la Direction générale de la santé propose aux médecins généralistes d'administrer ce vaccin (message DGS-URGENT) (9) :

  • aux patients de 50 à 74 ans présentant des facteurs de risque de covid grave ;
  • à tous les patients âgés de 75 ans et plus.

Les facteurs de risque de covid grave ont fait l'objet d'une nouvelle évaluation par la HAS (9), qui devrait être prochainement prise en compte par le ministère de la santé.

La recommandation de la HAS d'administrer une seule dose de vaccin (quel que soit le vaccin) chez les personnes non immunodéprimées ayant un antécédent de covid 19 a été validée par la Direction générale de la santé. Cette recommandation ne s'applique pas aux personnes immunodéprimées, en particulier celles qui reçoivent un traitement immunosuppresseur, ni aux personnes âgées hébergées en établissement de longue durée. Si l'infection est survenue après la première dose, la seconde dose est administrée 3 à 6 mois après l'infection.

Les trois vaccins disponibles à ce jour en France ont des profils d'efficacité et de sécurité comparables et de très bon niveau. Pour autant, ces vaccins ne sont pas équivalents et la surveillance dont ils font l'objet pourrait à l'avenir en préciser les groupes cibles et les indications.

La ministère de la santé propose une vue synthétique des vaccins recommandés selon le groupe de population concerné (Figure 1).

Les vaccins à ARNm (Comirnaty et COVID-19 Vaccine Moderna) sont à ce jour réservés à deux situations très spécifiques.

La première situation concerne les populations résidant dans un territoire marqué par une forte incidence des cas de covid 19 dus au variant sud-africain : c'est actuellement le cas dans les départements de la Moselle et de Mayotte. En Guyane, seul le vaccin Comirnaty est disponible.

La deuxième situation concerne les femmes enceintes, dont la vaccination peut être envisagée si les bénéfices potentiels l’emportent sur les risques pour la mère et le fœtus. Par mesure de précaution, dans l’attente des résultats finaux des études menées pour le vaccin COVID-19 Vaccine AstraZeneca et compte tenu des syndromes de type grippal ayant été rapportés avec ce vaccin, la HAS recommande de privilégier les vaccins à ARNm chez la femme enceinte (10).

Figure 1 : Mise en oeuvre de la vaccination pour le grand public et les professionnels de santé selon l'âge et l'existence de facteurs de risque de covid 19 grave.

Références

  1. Voysey, MerrynAban, Marites et al., « Safety and efficacy of the ChAdOx1 nCoV-19 vaccine (AZD1222) against SARS-CoV-2: an interim analysis of four randomised controlled trials in Brazil, South Africa, and the UK », The Lancet, Volume 397, Issue 10269, 99 – 111, 8 Dec 2020.
  2. Voysey, Merryn et al. “Single-dose administration and the influence of the timing of the booster dose on immunogenicity and efficacy of ChAdOx1 nCoV-19 (AZD1222) vaccine: a pooled analysis of four randomised trials.” Lancet (London, England), S0140-6736(21)00432-3. 19 Feb. 2021.
  3. Emary et al., “Efficacy of ChAdOx1 nCoV-19 (AZD1222) Vaccine Against SARS-CoV-2 VOC 202012/01 (B.1.1.7)”, medRxiv preprint 4 Feb 2021.
  4. Shabir A. et al. Safety and efficacy of the ChAdOx1 nCoV-19 (AZD1222) Covid-19 vaccine against the B.1.351 variant in South Africa
    medRxiv 2021.02.10.21251247.
  5. Effectiveness of first dose of COVID-19 vaccines against hospital admissions in Scotland: national prospective cohort study of 5.4 million people.
  6. Enquête de pharmacovigilance du vaccin Covid-19 Vaccine AstraZeneca, Rapport n°2 : période du 12 février 2021 au 18 février 2021.
  7. Haute Autorité de santé. Stratégie de vaccination contre la Covid-19 - Place du COVID-19 Vaccine Astra- Zeneca - Recommandation du 2 février 2021.
  8. Avis n° 2021.0008/AC/SEESP du 1er mars 2021 du collège de la Haute Autorité de santé sur l'efficacité du vaccin AstraZeneca chez les personnes âgées au vu des données préliminaires soumises au BMJ sur l'impact de la vaccination en Ecosse sur les hospitalisations.
  9. Direction générale de la santé. Campagne de vaccination en ville avec le vaccin "COVID-19 Vaccine AstraZeneca" - Elargissement de la cible vaccinale et nouvelle campagne de commande des flacons en officine. Message DGS-URGENT N°2021_23.
  10. Stratégie de vaccination contre le Sars-Cov-2 - Actualisation des facteurs de risque de formes graves de la covid 19 et des recommandations sur la stratégie de priorisation des populations à vacciner.

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