Le point sur la vaccination de l'enfant voyageur en 2025

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Cette nouvelle a pour objectif d'actualiser la conduite à tenir en matière de vaccination chez « l'enfant voyageur ». Elle est destinée en premier lieu aux professionnels de santé, mais peut être consultée par le grand public, qui y trouvera des informations pratiques.

Tout « enfant voyageur » devrait bénéficier d'une consultation médicale qui sera l'occasion d'établir un programme de vaccination individualisé en tenant compte de nombreux éléments et plus particulièrement :

  • des risques encourus qui dépendront du contexte épidémiologique en particulier local, de la situation sanitaire et du niveau d'hygiène de la zone visitée, de la typologie du séjour (durée, type d'hébergement, encadrement…), du contexte individuel (âge, antécédents, statut vaccinal…) ;
  • d'une éventuelle obligation administrative relevant du Règlement sanitaire international (fièvre jaune, poliomyélite) ou d'une exigence particulière de certains pays.

L'absence de certains vaccins pourra aboutir à une contre-indication médicale ou administrative du voyage. La mise en condition vaccinale est donc à débuter si possible deux mois avant le départ pour programmer les vaccinations. En effet, outre des délais de rendez-vous parfois longs [vaccination contre la fièvre jaune ou la tuberculose (BCG)], les schémas de primovaccination peuvent comporter plusieurs injections devant être terminées 10 à 15 jours avant le départ.

Rappelons enfin que si les vaccins remboursables du calendrier des vaccinations, y compris ceux administrés dans les centres de vaccinations internationales, sont pris en charge par l'assurance maladie pour la part obligatoire, ce n'est pas le cas des autres vaccins indiqués chez l'enfant voyageur.

Cette nouvelle aborde la conduite à tenir en cas de départ planifié (départ dans un délai supérieur à un mois) ou non, et rappelle les principes à respecter face à l'enfant immunodéprimé ou présentant une pathologie chronique. Les indications des « vaccins du voyage » seront détaillées ainsi que les contre-indications spécifiques à chaque vaccin, sachant que dans tous les cas la vaccination sera contre-indiquée en cas d'hypersensibilité connue à la substance active du vaccin utilisé, à l'un des excipients ou aux résidus de production du vaccin, ou en cas d'hypersensibilité à la suite d'une injection antérieure du même vaccin.

1. Départ organisé

1.1. Les vaccinations du calendrier vaccinal français

1.1.1. Les vaccinations relevant du calendrier vaccinal général

Quinze maladies à prévention vaccinale relèvent de recommandations du calendrier vaccinal général.

La vaccination est obligatoire dans les 18 premiers mois de l'enfant, sauf contre-indication médicale reconnue, contre onze d’entre elles (diphtérie (D), tétanos (T), coqueluche (C), poliomyélite (P), infections invasives à Haemophilus influenzae de type b, hépatite B, pneumocoque, rougeole, oreillons et rubéole pour tout enfant né depuis le 1er janvier 2018, et infections invasives à méningocoques (IIM) ACWY (MenACWY) et B (MenB) depuis le 1er janvier 2025. Un rattrapage vaccinal est indiqué jusqu’au 5e anniversaire pour les vaccins méningococciques, compte tenu de l’épidémiologie des IIM en 2025.

Un rappel vaccinal est indiqué à 6 ans (DTCaP), entre 11 et 13 ans (dTcaP), entre 11 et 14 ans pour le vaccin MenACWY, avec rattrapage jusqu’à 24 ans révolus, et entre 14 et 24 ans révolus pour le vaccin MenB, indépendamment du statut vaccinal.

La vaccination contre les rotavirus est recommandée chez l’ensemble des nourrissons âgés de 6 semaines à 6 mois.

La vaccination contre la varicelle est recommandée chez les adolescents âgés de 12 à 18 ans n’ayant pas d’antécédent clinique de varicelle ou dont l’histoire est douteuse, éventuellement précédée d’un contrôle sérologique.

La vaccination contre les infections à papillomavirus est recommandée entre 11 à 14 ans révolus chez toutes les filles et tous les garçons, avec un rattrapage jusqu’à l’âge de 19 ans révolus. Un rattrapage vaccinal est également recommandé chez les jeunes hommes ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes jusqu'à l'âge de 26 ans inclus. Un avis récent de la HAS recommande d'étendre la vaccination anti-HPV à toutes les personnes jusqu'à l'âge de 26 ans sans distinction de sexe (à ce jour, cette extension de recommandation n'est pas encore inscrite au calendrier vaccinal ni remboursée par l'assurance maladie).

La consultation avant le départ est l'occasion de s'assurer que l'enfant voyageur est à jour des vaccinations sus citées. Dans le cas contraire un rattrapage vaccinal sera initié en accord avec les règles détaillées dans le « Calendrier des vaccinations et recommandations vaccinales » de l'année en cours.

1.1.2. Quelques points sont à préciser
a. Vaccination contre la rougeole

Le risque de survenue d'épidémie de rougeole reste élevé dans un très grand nombre de pays dans le monde. En cas de séjour dans une zone de forte endémicité ou en période épidémique : 

Les nourrissons peuvent être vaccinés dès l'âge de 6 mois avec une dose de vaccin ROR (PRIORIX ou M-M-RVAXPRO), cette vaccination se faisant dans un « cadre de prescription compassionnelle » (CPC) pour les enfants âgés de 6 à 8 mois révolus, accompagné d'un « protocole spécifique de suivi ».

  • Ces enfants doivent ensuite recevoir deux doses de vaccin trivalent à partir de l'âge de 12 mois.
  • Chez l'enfant ayant bénéficié d'une première dose de vaccin ROR à l'âge de 12 mois, la deuxième dose, administrée habituellement entre 16 et 18 mois, peut être administrée plus rapidement en cas de voyage, en respectant un délai minimum d'un mois entre les deux doses.

Par précaution, on respectera dans la mesure du possible un intervalle d’un mois entre les vaccins fièvre jaune et ROR, ces deux vaccins étant des vaccins vivants atténués. Mais en cas de départ imminent en zone d’endémie amarile, les deux vaccins peuvent être administrés au même moment ou à n’importe quel intervalle.

b. Vaccination contre l'hépatite B

La vaccination contre l'hépatite B est recommandée pour des séjours fréquents ou prolongés dans les pays à forte prévalence (Afrique subsaharienne, Asie) ou moyenne prévalence (Départements, Régions ou Collectivités d'outre-mer, Europe de l'Est et du Sud, Afrique du Nord, Moyen-Orient, sous-continent indien et Amérique du Sud) du portage chronique du virus de l'hépatite B.

Le vaccin contre l'hépatite B peut être administré dès la naissance en cas de séjour prévu dans un pays de forte ou de moyenne prévalence du portage chronique du virus (une dose à la naissance, puis à 1 et 6 mois) avec un vaccin monovalent. Une recherche de l'antigène HBs (Ag HBs) et un titrage des anticorps anti-HBs sont préconisés à partir de l'âge de 9 mois (si possible un à quatre mois après la dernière dose vaccinale) chez les enfants nés d’une mère porteuse de l'Ag HBs et vaccinés à la naissance, pour s'assurer de l'absence d'infection du nourrisson par le virus de l'hépatite B et de la protection à long terme.

  • La consultation peut être l'occasion de proposer un rattrapage vaccinal à l'enfant non vacciné, un dépistage prévaccinal (Ag HBs, Ac anti-HBs, Ac anti-HBc) étant proposé en fonction du contexte. Au regard du calendrier des vaccinations et recommandations vaccinales, des recommandations sanitaires aux voyageurs et des résumés des caractéristiques du produit des vaccins disponibles en France, un schéma de vaccination accéléré avec injection à 0, 1 et 2 mois pourra être proposé ;
  • jusqu’à 15 ans révolus : avec les vaccins ENGERIX B 10 µg ou HBVAXPRO 5 µg ;
  • de 16 à 17 ans révolus : ENGERIX B 20 µg ou HBVAXPRO 10 µg.

Dans ces cas, une quatrième dose doit être administrée 12 mois après la 1ère dose pour assurer une protection à long terme. Le schéma accéléré, J0-J7-J21-M12 est réservé à l’adulte.

Les autres schémas de vaccination, qu’il s’agisse du schéma conventionnel à trois doses à M0, M1 et M6 ou du schéma à deux doses à M0 et M6, réservé aux enfants entre 11 ans à 15 ans révolus exclusivement avec le vaccin ENGERIX B 20 µg, ne sont pas compatibles avec un voyage prévu dans moins de 6 mois.

1.1.3. Autres vaccins inclus dans le calendrier vaccinal
a. Covid 19

Aucun pays n’impose plus de vaccination contre la covid 19. Chaque pays définissant ses propres conditions d'entrée et de séjour, il est cependant recommandé de consulter le site France Diplomatie du Ministère de l'Europe et des Affaires Étrangères avant le départ.

b. Grippe saisonnière

La vaccination contre la grippe saisonnière est recommandée pour tous les enfants ciblés par les recommandations du calendrier des vaccinations en vigueur à partir de l'âge de 6 mois.

Les enfants de moins de 9 ans n'ayant pas été vaccinés auparavant avec un vaccin grippal saisonnier doivent bénéficier d'une seconde dose de 0,5 mL après un intervalle d'au moins 4 semaines. La vaccination est à renouveler chaque année.

La vaccination est par ailleurs recommandée dans la cadre d’un voyage en cas de participation à un grand rassemblement.

En fonction du début de la période d'activité grippale primaire, les pays sont classés en deux catégories, les pays où l'activité grippale commence à partir d’octobre (hémisphère nord), et ceux où l'activité grippale commence à partir d’avril (hémisphère sud).

En cas de séjour dans un département d’outre-mer :

  • Le vaccin sera adapté à l’hémisphère nord pour la Martinique, la Guadeloupe et la Guyane, mais aussi pour Mayotte, et la vaccination sera pratiquée de septembre-octobre au mois de janvier de l’année suivante ;
  • La vaccination débute en avril avec un vaccin adapté à l’hémisphère sud pour La Réunion (ce vaccin est disponible d'avril à septembre uniquement par une procédure d'importation sur demande d'autorisation).

En cas de séjour dans un pays qui connait des pics multiples et une activité résiduelle tout au long de l'année, l'OMS recommande que le vaccin contre la grippe saisonnière soit administré avant le début de la période primaire d'activité grippale accrue. En fonction des zones, on utilisera un vaccin adapté à l’hémisphère nord avec une vaccination à partir de septembre, ou un vaccin adapté à l’hémisphère sud avec une vaccination à partir d’avril. Se référer au site de l’OMS.

c. Tuberculose

La vaccination contre la tuberculose par le BCG (Vaccin BCG AJ Vaccines) est recommandé chez l'enfant se rendant plus d'un mois dans un pays à haut risque c’est-à-dire à forte incidence tuberculeuse (> 40/100 000 habitants) selon les estimations de l’OMS :

Il est également recommandé chez l'enfant se rendant plus d'un mois à Mayotte ou en Guyane.

Il peut être administré à partir de l'âge de 1 mois et jusqu'à 15 ans. Après l'âge de 6 ans, il doit être précédé d'un test tuberculinique. Il n'est plus indiqué de pratiquer une intradermoréaction (IDR) à la tuberculine préalablement à la vaccination pour les enfants de moins de 6 ans, à l'exception de ceux ayant résidé ou effectué un séjour de plus d'un mois dans un pays de forte incidence de la tuberculose. La vaccination ne s'applique qu'aux personnes ayant une intradermoréaction à la tuberculine négative.

La liste actualisée des pays de haute endémie de tuberculose (incidence annuelle de tuberculose maladie supérieure à 40 pour 100 000 habitants) ainsi que celle de l’incidence de la tuberculose dans le monde par pays, selon les estimations de l’OMS, peuvent être consultées sur le site de Santé publique France.

Le vaccin est disponible exclusivement dans les centres de vaccination, les services de PMI et les Centres de lutte antituberculeuse, ce qui peut être à l'origine de délais de rendez-vous importants. Il est à administrer 6 à 8 semaines avant le départ.

Il est contre-indiqué en cas d'immunodépression, y compris chez les nourrissons exposés à un traitement immunosuppresseur in utero ou lors de l'allaitement, ou de dermatose infectieuse généralisée, ainsi que chez les patients infectés par le VIH, quel que soit le nombre de lymphocytes CD4.

Il est recommandé de n'effectuer aucune autre vaccination dans le bras utilisé pour la vaccination BCG pendant au moins trois mois en raison du risque de lymphadénite régionale.

1.2. Vaccins du voyage

1.2.1. Chikungunya

Le chikungunya est une arbovirose conférant une immunité définitive. Chez l’enfant, les formes symptomatiques sont généralement bénignes, sauf chez le nouveau-né et le jeune nourrisson. Deux vaccins ont obtenu l’AMM européenne et sont disponibles en France :

Le vaccin IXCHIQ, vaccin vivant atténué, utilisable à partir de l’âge de 12 ans. Il s’administre en 1 injection intramusculaire au moins 14 jours avant l’exposition au risque. Il est habituel de respecter un mois entre deux vaccins vivants atténués. Suite à des effets indésirables graves chez des personnes âgées lors de l’épidémie récente à La Réunion, ce vaccin a été contre-indiqué chez les 65 ans et plus (contre-indication levée récemment par l'agence européenne des médicaments). Chez l’enfant voyageur, ce vaccin est à envisager si le voyage ne peut être reporté, uniquement en présence de comorbidités.

Pas de donnée actuellement disponible sur l’intérêt d’une dose de rappel.

Le vaccin VIMKUNYA, vaccin à pseudo-particules virales adjuvanté, a obtenu l’AMM européenne en 2025, à partir de l’âge de 12 ans. Chez l’enfant voyageur dont le voyage ne peut être reporté, ce vaccin peut s’envisager en l’absence de comorbidité. Il est par contre recommandé en présence de comorbidités. Il s’administre en 1 injection intramusculaire au moins 14 jours avant l’exposition au risque.

Pas de donnée actuellement disponible sur l’intérêt d’une dose de rappel.

1.2.2. Dengue

La dengue est une arbovirose due à un virus dont il existe 4 sérotypes conférant chacun une immunité non croisée avec les autres sérotypes. Elle expose à des formes graves, surtout chez les personnes âgées et présentant des comorbidités, et ayant déjà eu une dengue. Depuis le retrait du vaccin DENGVAXIA, le vaccin QDENGA est le seul disponible en France. Il s’agit d’un vaccin tétravalent vivant atténué chimérique recombinant, ayant une AMM européenne à partir de l’âge de 4 ans, l’efficacité étant moindre chez les 4-6 ans.

Le schéma vaccinal consiste en 2 doses par voie sous-cutanée espacées de 3 mois d’intervalle. Ce vaccin a une immunogénicité et une efficacité moindres vis-à-vis des sérotypes 3 et 4, en particulier chez les sujets séronégatifs pour la dengue, d’où la crainte d’un risque potentiel de dengue plus sévère chez les séronégatifs vaccinés puis exposés à DENV-3 et DENV-4.

Chez l’enfant, ce vaccin s’envisage à partir de l’âge de 6 ans pour tout séjour de plus de 4 semaines ou des séjours répétés dans une zone où le taux d’incidence est supérieur à 100/100 000, ou un séjour, quelle qu’en soit la durée, dans une zone où une épidémie est avérée. En l’absence de comorbidité, ce vaccin ne peut être administré qu’en cas d’antécédent de dengue. Chez l’enfant avec comorbidités (drépanocytose, autres hémoglobinopathies, HTA compliquée, diabète, obésité, insuffisance rénale, affections cardiopulmonaires chroniques, thrombocytopathies), il faut si possible différer le voyage, sinon la vaccination est recommandée indépendamment des antécédents de dengue.

Pas de donnée actuellement disponible sur l’intérêt d’une dose de rappel.

Contre-indications : immunodépression et femme enceinte ou allaitante.

1.2.3. Encéphalite à tiques

La vaccination contre l’encéphalite à tiques (TICOVAC 0,25 mL ENFANTS, TICOVAC 0,5 mL ADULTE, ENCEPUR) est recommandée pour les enfants voyageurs devant séjourner en zone rurale ou boisée dans les régions d’endémie (zone tempérée de l’Eurasie) jusqu’à 1 500 mètres d’altitude, du printemps à l’automne, particulièrement en cas d’activités récréatives en plein air. Le risque est considéré comme négligeable en cas de séjour urbain strict et en l’absence de consommation d’aliments à risque.

Elle est recommandée en cas de séjour dans l'un des pays suivants : Allemagne (notamment dans les Länder du sud du pays : Bavière, Bade-Wurtenberg, Saxe, sud-est du Brandebourg, sud de la Hesse et Thuringe du Sud), Autriche, Biélorussie, Chine (nord-est du pays), Croatie (nord-est et nord-ouest du pays), Danemark (île de Bornholm), Estonie (l’ouest du pays est la région la plus à risque), Finlande (régions côtières et archipels au sud du pays), Hongrie (ouest et nord), Italie (Trentin-Haut-Adige, Vénétie, Frioul-Vénétie), Kazakhstan (Akmola, Almaty, est du pays), Lettonie (les régions de l’ouest et du centre sont les plus à risque), Lituanie, Mongolie (nord du pays), Norvège (côte sud, particulièrement les comtés d’Agder, de Vestfold et de Telemark), Pologne, République tchèque (notamment la Bohême du Sud, région la plus à risque), Russie (48 régions endémiques, particulièrement en Russie occidentale, hauts niveaux de transmission en Sibérie et Oural), Slovaquie (particulièrement le nord et le centre du pays), Slovénie (notamment le nord et le centre), Suède (autour de Stockholm — archipel, lac Mälaren, comtés d’Uppsala et de Södermanland — et autour des lacs du sud du pays); Suisse (sauf dans les cantons du Tessin et de Genève) ou Ukraine (cas signalés dans l’ensemble du pays, particulièrement en Crimée et Volhynie).

Elle est à envisager au cas par cas en cas de voyage en Europe (Belgique, Bosnie, Bulgarie, Lichtenstein, Moldavie, Pays-Bas, Roumanie, Royaume-Uni ou Serbie), ou hors Europe (Corée du Sud, Japon, Kirghizstan et Tunisie).

Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies a mis en ligne le 20 juin 2024 les données de surveillance de l’encéphalite à tique dans les pays de l’UE/EEE.

Contre-indications : hypersensibilité sévère aux protéines d'œuf et de poulet.

Tableau 1 : schéma vaccinal de l'enfant contre l'encéphalite à tiques

Encéphalite tiques.png

1.2.4. Encéphalite japonaise

Indications : la vaccination contre l'encéphalite japonaise (vaccin IXIARO) est recommandée pour les enfants de plus de 2 mois voyageant dans un pays où existe une transmission de l'encéphalite japonaise (liste des pays disponible dans les Recommandations sanitaires pour les voyageurs) en cas :

  • d'exposition au risque (en particulier en période de mousson, d'activités extérieures ou de nuitées à la campagne) : séjour (quelle qu'en soit la durée) dans une zone où l'irrigation par inondation est pratiquée (rizières), séjour à proximité d'élevages de porcs, séjour en période d'épidémie (ou de circulation accrue du virus chez l'animal) ou ;
  • d'expatriation ou de séjours répétés dans un pays situé dans la zone de circulation du virus.

D’autres situations, comme par exemple un voyage dans une zone où l’encéphalite japonaise est endémique avec des incertitudes quant à la durée du séjour, la destination précise ou les activités qui y seront pratiquées, pourront faire discuter la vaccination par le médecin vaccinateur.

La deuxième dose vaccinale, indiquée uniquement à J28 chez l'enfant, doit être administrée au minimum 7 jours avant le séjour en zone à risque.

Tableau 2 : schéma vaccinal de l'enfant contre l'encéphalite japonaise

Encéphalite japonaise.png

1.2.5. Fièvre jaune

Indications : la vaccination contre la fièvre jaune (vaccin STAMARIL) est indispensable à partir de l'âge de 9 mois pour un séjour dans une zone endémique (régions intertropicales d'Afrique et d'Amérique du Sud) ou épidémique, même en l'absence d'obligation administrative. La liste des pays à risque est disponible sur le site de l’OMS.

Elle peut être effectuée dès l'âge de 6 mois si le nourrisson doit séjourner en milieu rural ou en forêt, en zone endémique, si le voyage ne peut être reporté ou si une épidémie sévit dans la région visitée.

Cette vaccination se fait exclusivement dans des centres habilités ; elle est attestée par la délivrance d'un Certificat international de vaccination. Le vaccin doit être fait au moins 10 jours avant le départ.

Contre-indication : le vaccin est contre-indiqué :

  • en cas d'hypersensibilité aux œufs ou aux protéines de poulet (la vaccination est possible en milieu allergologique) ;
  • chez l'enfant d'âge inférieur à 6 mois ;
  • chez la femme allaitant un nourrisson de moins de 6 mois, à moins de suspendre l’allaitement pendant les deux semaines qui suivent la vaccination (pour maintenir la lactation, la mère peut tirer son lait sans le donner à l’enfant pendant ces deux semaines) ;
  • chez l'immunodéprimé.

Si le voyage est maintenu, un certificat de contre-indication doit être délivré par le médecin d'un centre de vaccinations internationales, ou par le médecin traitant.

Interactions vaccinales

Par précaution, on respectera dans la mesure du possible un intervalle d’un mois entre les vaccins fièvre jaune et ROR, deux vaccins vivants atténués. Mais en cas de départ imminent en zone d’endémie amarile, les deux vaccins peuvent être administrés au même moment ou à n’importe quel intervalle. La même précaution est à respecter pour l’association du vaccin amaril et les vaccin QDENGA et IXCHIQ.

Tableau 3 : schéma vaccinal de l'enfant contre la fièvre jaune

Fièvre jaune.png

1.2.6. Fièvre typhoïde

Indications : la vaccination contre la fièvre typhoïde est recommandée pour l'enfant voyageur de 2 ans et plus devant effectuer un séjour dans un pays où le niveau d'hygiène est faible et la maladie endémique, particulièrement dans le sous-continent indien et l'Asie du Sud-Est, en cas de :

  • séjour prolongé (plus de un mois, expatriation) ou,
  • dans des conditions précaires ou,
  • en cas de maladie chronique.

La vaccination doit être réalisée quinze jours avant le départ en voyage. L'efficacité est évaluée entre 50-65 % et dure environ trois ans.

La vaccination n'est pas indispensable en cas de voyage court, dans de bonnes conditions, chez un enfant en bonne santé.

Un vaccin monovalent inactivé (TYPHIM VI) et un vaccin vivant atténué (VIVOTIF) sont disponibles. Le vaccin combiné typhoïde-hépatite A, possible à partir de 15 ans révolus, n’est plus disponible depuis avril 2024.

Tableau 4 : schéma vaccinal de l'enfant contre la fièvre typhoïde

Typhoide.png

1.2.7. Hépatite A

Indications : la vaccination contre l'hépatite A est recommandée à partir de l'âge de 1 an pour tous les voyageurs devant séjourner dans un pays où le niveau d'hygiène est faible, quelles que soient les conditions du séjour. Elle est particulièrement recommandée chez les personnes souffrant d'une maladie chronique du foie ou de mucoviscidose.

Plusieurs vaccins monovalents (HAVRIX 720 U, HAVRIX 1440 U, AVAXIM 80 U, AVAXIM 160 U) ou combiné (TWINRIX ADULTE) sont disponibles.

Tableau 5 : schéma vaccinal de l'enfant contre l'hépatite A

Hépatite A.png

1.2.8. Infections invasives à méningocoques

Indications : la vaccination contre les infections invasives à méningocoques (IIM) ACWY avec un vaccin méningococcique tétravalent conjugué ACWY est recommandée aux enfants se rendant en zone d'endémie, notamment la « ceinture de la méningite de Lapeyssonnie » en Afrique subsaharienne (zones de savane et Sahel, d'ouest en est, du Sénégal à l'Éthiopie) en période à risque (saison sèche de décembre à mai), ou dans toute autre zone où sévit une épidémie, dans des conditions de contact étroit et prolongé avec la population locale. La vaccination peut être réalisée dès l’âge de 6 semaines (NIMENRIX), un an (MENQUADFI) ou deux ans (MENVEO).

En dehors de l’Afrique subsaharienne, la vaccination vis-à-vis des IIM ACWY et des IIM B doit être considérée sur la base des recommandations vaccinales des pays de destination. Elle est en particulier à considérer lors de séjours :

  • dans le cadre d’expatriation ;
  • chez les enfants en bas âge et les adolescents ainsi que chez les jeunes adultes vivant dans des conditions de promiscuité.

La vaccination par le vaccin méningococcique tétravalent ACWY est obligatoire pour l'obtention du visa pour le pèlerinage en Arabie saoudite ; elle doit être attestée par le Certificat international de vaccination. La durée de validité administrative de la vaccination par ce vaccin est de cinq ans si un vaccin conjugué est utilisé, à condition de préciser la nature de ce vaccin sur le certificat international de vaccination ; faute de cette mention, la durée de validité du certificat est de 3 ans.

Tableau 5 : schéma vaccinal de l'enfant contre les infections invasives à méningocoques ACWY

Méningite A, C, W, Y.png

1.2.9. Poliomyélite

En raison de la circulation de poliovirus sauvages et dérivés d'une souche vaccinale dans plusieurs pays d'Afrique et d'Asie, l'OMS a émis depuis 2014 des recommandations temporaires contre la poliomyélite révisées tous les trois mois visant à réduire le risque de propagation internationale de ces virus. Ces recommandations toujours en vigueur s'appliquent à tout voyageur qui passe plus de quatre semaines dans un pays infecté par la polio (voir le site https://polioeradication.org/polio-today/).

Indications pour un séjour de moins de quatre semaines dans un des pays infectés par un poliovirus.

L'enfant voyageur se rendant dans un pays où la polio est endémique doit satisfaire aux recommandations du calendrier vaccinal français. Les vaccinations antipoliomyélitiques incomplètes doivent être complétées. Il parait cohérent de déconseiller le séjour en l'absence de schéma de primovaccination complet.

Indications pour un projet de séjour de plus de quatre semaines ou d'expatriation dans un des pays infectés par un poliovirus.

La vaccination contre la poliomyélite est recommandée chez les voyageurs devant effectuer un séjour de 4 semaines ou plus à destination d’un pays où circule un poliovirus sauvages ou un poliovirus dérivé de souches vaccinales. Les personnes correctement vaccinées selon le calendrier en vigueur en France sont protégées de la poliomyélite maladie. Elles peuvent néanmoins être infectées par portage intestinal du virus lors de sa multiplication au niveau du tractus gastro-intestinal. L’administration d’une dose de rappel sert à renforcer l'immunité de la muqueuse intestinale et à empêcher le portage asymptomatique du poliovirus, qui devient possible quand la vaccination par le vaccin injectable (forme inactivée) date de plus de 12 mois. Elle a pour objectif d'éviter la dissémination de poliovirus au retour dans un pays où ces virus ne circulent pas.

  • Ces voyageurs doivent, à partir de l’âge de 2 mois, avoir reçu une dose de vaccin poliomyélitique inactivé (VPI) dans un délai de 4 semaines à 12 mois avant leur départ.
  • En cas de départ en urgence et si le voyageur n’a pas été vacciné au cours des 12 mois précédents, l’administration d’une dose vaccinale est recommandée dans un délai si possible de 4 semaines avant le départ afin d’induire une immunité locale protectrice. Pour les voyageurs se rendant dans l’un des états où circulent le poliovirus sauvage (PVS1) ou le poliovirus dérivé d’une souche vaccinale de type 1 (PVDVc1) ou de type 3 (PVDVc3), la vaccination devrait être attestée par la délivrance d’un certificat international de vaccination, dont le modèle figure dans l’annexe 6 du Règlement sanitaire international.
  • Si le séjour dure plus de 12 mois, un deuxième rappel peut être exigé dans le cadre du RSI lorsque le voyageur quittera le pays, et devra avoir été pratiqué au moins un mois avant son départ.

Depuis l’arrêt de commercialisation en 2023 du vaccin polio inactivé trivalent non combiné (IMOVAX POLIO), seul les vaccins poliovirus inactivés combinés aux valences diphtérie-tétanos, associés ou non aux valences coqueluche, Haemophilus influenzae b, hépatite B sont disponibles.

Il est recommandé que les rappels de vaccin polio administrés soient mentionnés sur le certificat international de vaccination de l'OMS.

Le Haut Conseil de la santé publique a ajouté un logigramme concernant la vaccination contre la polio du voyageur dans la dernière version des recommandations sanitaires aux voyageurs de juin 2025.

Figure 1 : Logigramme de vaccination contre la poliomyélite, voyageurs âgés de plus de 2 mois.

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1.2.10. Rage

L'enfant est plus exposé aux morsures d'animaux que l'adulte. Pour les zones à risque de rage (Asie, Afrique y compris l'Afrique du Nord, Amérique du Sud), surtout en cas d'expatriation ou de voyage dans des conditions précaires, la vaccination préventive contre la rage dite pré exposition (PrEP) est recommandée chez les jeunes enfants dès qu'ils marchent.

Deux vaccins (VACCIN RABIQUE PASTEUR et RABIPUR) sont disponibles.

Tableau 6 : schéma vaccinal de l'enfant contre la rage

Rage.png

1.2.11. Vaccins relevant de situations particulières
Choléra

La vaccination contre le choléra n’est généralement pas recommandée chez le voyageur. Elle peut être recommandée pour les personnels devant intervenir auprès de patients en zone d’épidémie.

Il existe deux vaccins ayant l’AMM à partir de l’âge de 2 ans :

  • Un vaccin recombinant inactivé (DUKORAL), qui a l’AMM en France.
  • Un vaccin vivant atténué (VAXCHORA), qui a été proposé à Mayotte autour des cas confirmés de choléra.
Mpox

La vaccination contre mpox chez l’enfant n’est actuellement pas recommandée, et le report du voyage vers une zone à risque est conseillé.

2. Départ imminent

Le voyageur pressé (départ dans un délai inférieur à un mois) sera confronté à plusieurs facteurs limitants si un protocole vaccinal complexe est recommandé : administration simultanée maximale de quatre vaccins par séance, interdiction de mélanger des vaccins différents dans la même seringue, rareté des schémas accélérés (encéphalite à tiques, hépatite B) validés chez l'enfant…

Les risques seront alors hiérarchisés afin d'identifier les vaccins à administrer impérativement avant le départ.

3. Enfant immunodéprimé

Une consultation avec le spécialiste référent ou un centre de vaccinations internationales et de conseils aux voyageurs est souhaitable avant le départ, pour adapter la prévention vaccinale. Le HCSP a publié un guide de la vaccination des personnes immunodéprimées et le groupe d'experts chargé des recommandations de prise en charge des personnes vivant avec le VIH a précisé la liste des vaccinations qui leur sont recommandées. Ces recommandations sont en cours de révision.

Globalement, tous les vaccins tous les vaccins inactivés recommandés en population générale sont recommandés chez l’immunodéprimés. Les vaccins vivants atténués sont en général contre indiqués et à discuter au cas par cas en fonction des pathologies ou du traitement. Il existe des recommandations concernant les contre-indications définitives ou temporaires (délai à respecter) à l'administration des vaccins ROR et amaril.

Certains vaccins relèvent de recommandations spécifiques du fait de l’immunodépression avec parfois des schémas de vaccinations adaptés (renforcé, fréquence de rappels accrus).

Dans certains cas, il peut être nécessaire de faire un contrôle des anticorps vaccinaux (tétanos, hépatites A et B...) pour orienter la décision de faire ou non un rappel vaccinal.

L'interrogatoire de la mère est important car la prise d'immunosuppresseurs au cours de la grossesse ou en période d'allaitement peut être à l'origine de contre-indications vaccinales parfois prolongées chez l'enfant (exemple : traitement par infliximab).

La vaccination des sujets contacts qui voyagent avec l'enfant est importante pour éviter la transmission intrafamiliale de certaines maladies infectieuses.

Tableau 7 :  vaccination contre la fièvre jaune et la rougeole chez les enfants immunodéprimés ou aspléniques

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4. Enfant atteint d'une maladie chronique sans immunodépression

Chez l'enfant atteint d'une maladie chronique sans immunodépression (asthme, diabète...), tous les vaccins peuvent être administrés comme chez l'enfant en bonne santé.

Le carnet de vaccination numérique professionnel intègre l'accès à l'outil Mentor Pro, qui prend en compte les recommandations vaccinales pour les enfants voyageurs.

5. REFERENCES

  1. Ministère chargé de la Santé et de l’Accès aux Soins. Calendrier des vaccinations et recommandations vaccinales 2025. Avril 2025. 100 pages
  2. Ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles. Recommandations sanitaires aux voyageurs (à l’attention des professionnels). Edition 2025. 251 pages
  3. Global Polio Eradication Initiative. https://polioeradication.org/
  4. Haut Conseil de la Santé Publique. Vaccination des personnes immunodéprimées ou aspléniques. Recommandations actualisées. 2e édition - Décembre 2014.
  5. Haut Conseil de la santé publique. Avis relatif à la vaccination de rappel contre la poliomyélite pour certains voyageurs dans le contexte actuel d'urgence sanitaire décrétée par l'OMS.
  6. Rapport sur les vaccinations des personnes immunodéprimées ou aspléniques : recommandations.
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